
"Il est temps que les médecins reconnaissent les avantages dont ils ont bénéficié" : deux profs de médecine plaident pour la régulation
Dans une tribune publiée par Le Monde, deux anesthésistes se positionnent en faveur de la régulation de l'installation. Ces deux anciens chefs de service et professeurs émérites de médecine trouvent "logique" de demander aux jeunes médecins "une redevance d'exercice au début de leur carrière au titre de l'aide financière reçue pendant leur formation".

"Entendre les représentants du corps médical s’offusquer des timides propositions gouvernementales pour davantage réguler le choix du site d’installation est déplacé, voire choquant", s'insurgent dans cette tribune les Prs Didier et Jean-François Payen, tous deux anciens chefs de service d'anesthésie-réanimation (le premier à l'AP-HP, le second au CHU de Grenoble). Ces deux professeurs émérites de médecine considèrent en effet qu'"il est temps que les médecins reconnaissent les avantages dont ils ont bénéficié depuis longtemps".
Car "jusqu'à l'internat, argumentent-ils, les études médicales sont quasiment gratuites, l'étudiant devant s’acquitter de frais de scolarité qui ne dépassent pas 500 euros par an", quand une année de médecine coûte de 30 à 70 000 euros aux Etats-Unis. A l'issue de ses 3 à 5 ans d'internat, durant lequel le jeune médecin reçoit "une indemnité supérieure au Smic", il est "assuré d’avoir du travail, et un travail bien rémunéré". "On a beau chercher, il n’y a pas d’équivalent en termes de parcours professionnel offrant de tels avantages. C’est le discours que nous avons toujours tenu devant les étudiants et les internes, qui d’ailleurs en reconnaissaient le bien-fondé", soutiennent ces professeurs.
"Nantis"
Or, contrairement à d'autres professionnels "qui bénéficient de ce type de subvention de l'Etat" au cours de leur formation ("militaires, policiers, hauts fonctionnaires") ou d'autres professions de santé, les médecins restent libres de s'installer où ils le souhaitent. "Ne serait-il pas logique de demander aux intéressés une redevance d’exercice au début de leur carrière au titre de l’aide financière reçue pendant leur formation médicale ?", lancent-ils. "Il ne s’agit pas de rembourser l’aide perçue pendant les études, mais de demander un engagement (modeste) au regard de la qualité de la formation reçue."
Et de mettre en garde leurs jeunes confrères : "A vouloir pérenniser une situation qui place le corps médical en dehors de la réalité, le risque est grand de voir se creuser le fossé entre des professionnels perçus comme des nantis et le reste de la population."
[avec Lemonde.fr]
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