
Prépas privées en médecine : un coût exorbitant pour un bénéfice "marginal, voire nul", révèle une étude
Malgré leurs prix très élevés et le nombre très important d'étudiants qu'elles recrutent chaque année, les prépas privées ne seraient pas si efficaces. C'est ce que révèle une étude menée par l'Association amicale des étudiants en médecine de Strasbourg (AAEMS), publiée lundi 12 mai.

Les prépas privées sont-elles vraiment utiles pour intégrer médecine ? C'est la question à laquelle a cherché à répondre l'Association amicale des étudiants en médecine de Strasbourg (AAEMS) dans une étude publiée lundi 12 mai. Près de 2400 étudiants en santé issus de toute la France ont été interrogés, avec une plus grande proportion de répondants venant de l'Est de la France (37,7%).
Il ressort de ce travail, mené en 2024, que près de 65% des étudiants interrogés ont eu recours à une prépa privée durant leur première année, 72,4% durant leur externat.
Entre 60 et 70% de ces étudiants affirment, par ailleurs, avoir ressenti une forte incitation ou pression commerciale de la part des organismes de prépa privée pour y avoir recours. "La prépa privée apparaît presque comme un passage obligatoire aux yeux de nombreux étudiants, alimentée par le lobbying agressif des sociétés qui les proposent", écrit l'AAEMS dans cette enquête.
Le bénéfice de ces prépas est pourtant "marginal, voire nul", assure l'association étudiante. En effet, selon l'enquête, le recours massif à ces cursus privés n'améliore pas significativement les résultats académiques des étudiants en santé. "En première année, on observe que le classement moyen des étudiants ayant suivi une prépa privée n'est pas meilleur que celui des étudiants sans prépa, il serait même légèrement moins bon", peut-on lire.
"Quand une grande partie des camarades de promo s’inscrit en prépa privée, il devient délicat de ne pas faire de même"
L'impact du recours à une prépa privée durant l'externat pour préparer le concours d'accès à l'internat, modifié par la réforme du deuxième cycle des études médicales (R2C), est lui aussi a nuancé. "Les données de l'enquête ne permettent pas de mettre en évidence un avantage clairement significatif pour les étudiants ayant suivi une préparation privée pendant l'externat", souligne l'AAEMS. En effet, 25,2% des carabins ayant suivi une prépa privée durant l'externat ont été classés parmi les 1000 premiers dans le classement de la spécialité de leur choix à l'issue des EDN, contre 20,2% pour ceux n'ayant pas suivi une telle prépa.
La mise en place de la R2C a, par ailleurs, eu un "impact majeur sur le recours aux prépas privées" chez les externes, note l'étude. Avant cette réforme, 57% des étudiants y avaient eu recours, contre 82% depuis sa mise en œuvre à la rentrée 2023.
Lobbying actif
Alors que les résultats de ces prépas sont mitigés, pourquoi les carabins y ont encore recours ? Pour l'AAEMS, plusieurs facteurs entrent en compte, à commencer par la volonté pour les apprentis médecins "de maximiser leurs chances face à une sélection perçue comme extrêmement difficile". Un sentiment "renforcé par l'environnement" de ces étudiants ; "quand une grande partie des camarades de promo s’inscrit en prépa privée, il devient délicat de ne pas faire de même. Un répondant sur deux indique ainsi que la dynamique collective et les conseils d’anciens ont joué dans sa décision ('tout le monde le fait, alors moi aussi')", précise l'enquête. Ce choix est également alimenté par une crainte généralisée de l'échec sans un accompagnement externe.
Mais au-delà des facteurs psychologiques et sociaux, l'étude pointe le lobbying actif des sociétés de prépas privées. "Ces structures déploient des stratégies de communication et de captation très élaborées", avec une présence sur les campus (stands, événements…), des publicités ciblées sur Internet ou encore, des partenariats implicites avec certains lycées.
Conséquence : deux étudiants interrogés sur trois se disent fortement incités à s'inscrire en prépa, parfois même avant d'avoir tenté le cursus sans aide.
3000 à 7000 euros l'année
Le coût (en moyenne entre 3000 à 7000 euros l'année) de ces cursus privés n'est pourtant pas négligeable, à tel point que 15% des étudiants interrogés ont eu recours à une prépa sachant que cela constituerait une charge financière lourde. Plus de 5% des répondants affirment même que leurs parents ont dû contracter un prêt bancaire pour payer ce service ; 2,1% ont eux-mêmes souscrit un prêt étudiant.
Face à ces résultats, l'AAEMS appelle à agir. "Facultés de médecine, ministères de tutelle, instances publiques : il est temps de se saisir de la problématique des préparations privées", écrit l'association, qui demande notamment à réguler le secteur de ces prépas et à réaliser un audit national indépendant sur le rôle et l'efficacité de ces cursus privés.
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