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Maladies cardiovasculaires : des risques accentués chez la femme

Les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mortalité chez les femmes au niveau mondial (35 % des décès) et la deuxième en France (26 % des décès), avec davantage de facteurs de risque et un pronostic plus sombre que chez les hommes.

06/03/2025 Par Muriel Pulicani
Cardio-vasculaire HTA
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Si la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaires augmente chez les deux sexes – dyslipidémie, diabète, surpoids/obésité, tabagisme, sédentarité, hypertension, dépression, expositions environnementales –, leur impact est plus lourd sur la population féminine. D’autres facteurs de risque sont davantage observés chez les femmes – migraine avec aura, maladies inflammatoires chroniques, notamment rhumatismales ou auto-immunes, exposition aux violences – ou sont exclusivement féminins : pathologies gynécologiques (endométriose, syndrome des ovaires polykystiques), contraception hormonale, grossesse (diabète gestationnel, prééclampsie, gros poids de naissance…), ménopause. « Les scores de risque sont établis dans des cohortes où les femmes sont sous-représentées et ne prennent pas en compte leurs spécificités », a regretté la Dre Stéphane Manzo-Silberman, cardiologue interventionnelle aux hôpitaux de La Pitié-Salpêtrière et Lariboisière (AP-HP), lors des dernières Journées européennes de la Société française de cardiologie (15 au 17 janvier 2025).

Contraception : une prescription sur mesure

Parmi ces spécificités, la contraception œstroprogestative, qui « augmente le risque de thrombose veineuse, selon le type et la dose d’œstrogènes, la génération de pilule, le type de progestatif combiné », a décrit la Pre Geneviève Plu-Bureau, gynécologue au service de chirurgie et cancérologie gynécologiques et médecine de la reproduction de l’hôpital Cochin (AP-HP). La prescription est soumise à l’évaluation et la réévaluation régulière des facteurs de risque : âge de plus de 35 ans, comorbidités, antécédents familiaux, tabagisme… Les migraines avec aura et l’hypertension artérielle même stabilisée sont des contre-indications absolues. En post-partum, il est recommandé de ne pas utiliser de contraception combinée jusqu’à six semaines, et jusqu’à six mois en cas d’allaitement, selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

Dégradation avec l’âge

La ménopause constitue une nouvelle période à risque, notamment en cas de ménopause précoce (40-45 ans), de symptômes vasomoteurs fréquents, de calcifications vasculaires mammaires. La situation se détériore encore avec l’avancée en âge… Dans l’infarctus du myocarde, les femmes présentent plus de comorbidités et sont moins bien prises en charge que les hommes : moins de revascularisation, moins de prescription d’antiagrégants, de statines et d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion. De même, « la prévalence de l’hypertension artérielle non contrôlée augmente avec l’âge et est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes », a alerté la Pre Béatrice Duly-Bouhanick, professeure des universités-praticienne hospitalière en thérapeutique, hypertensiologue-endocrinologue au CHU de Toulouse et présidente de la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA), notant que « la prise en charge pharmacologique s’est dégradée depuis dix ans, avec une moindre proportion de femmes traitées ».

Nouvelles ressources, nouveaux traitements

Le médecin généraliste manquant souvent de temps pour renforcer le dépistage et la prise en charge, il peut faire appel aux infirmières en pratique avancée (IPA). Leur rôle fait l’objet de recommandations internationales (guidelines ESH 2023 et ESC 2024), et le Conseil national professionnel cardiovasculaire (CNPCV) vient d’établir un « parcours IPA HTA ». L’infirmière peut réaliser l’évaluation et le diagnostic : collecte de données cliniques, prescription d’examens... Le plan de traitement vise à améliorer l’observance des mesures hygiéno-diététiques, à mesurer l’efficacité et les effets secondaires des traitements et à les adapter si besoin. Il fait la part belle à l’éducation thérapeutique, l’empowerment du patient et l’utilisation du numérique (télésurveillance, télé-expertise). Le médecin généraliste est chargé du diagnostic, du traitement des effets de l’HTA, de l’introduction des traitements et de la délégation au médecin spécialiste dans les cas d’HTA secondaire ou résistante. « De nouvelles molécules injectables tous les trois à six mois et des bi- et trithérapies fixes vont arriver en France en mars, en substitution des molécules déjà prescrites. Ce sera un plus », a salué la Pre Duly-Bouhanick.

 

Références :

D’après les présentations des Pres Béatrice Duly-Bouhanick (CHU de Toulouse) et Geneviève Plu-Bureau (hôpital Cochin, Paris) et de la Dre Stéphane Manzo-Silberman (hôpitaux de La Pitié-Salpêtrière et Lariboisière, Paris) lors de la session « Prévention cardiovasculaire des femmes : guide de bonne pratique » aux Journées européennes de la Société française de cardiologie (17 janvier 2025).

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