
Infarctus chez la femme : un retard de prise en charge de 30 minutes, pointe l'Académie
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez la femme en France, loin devant le cancer du sein. L'Académie de médecine publie un rapport sur les inégalités de prise en charge de l’infarctus du myocarde chez la femme. Les académiciens formulent quatre recommandations concrètes pour améliorer la prévention, le diagnostic, la gestion et surtout le pronostic de cette maladie.

Chaque jour en France, 200 femmes décèdent d'une maladie cardiovasculaire. Lorsqu’un infarctus du myocarde survient, les femmes subissent un retard de prise en charge de 30 minutes par rapport aux hommes, pointe l'Académie nationale de médecine dans un rapport. Une fois la prise en charge décidée, l'Académie constate que le délai entre cette prise en charge et la revascularisation coronaire est plus long chez la femme que chez l’homme. Enfin, la mortalité hospitalière globale est de 9,6% chez la femme contre 3,9% chez l’homme. Les femmes bénéficient "significativement moins" que les hommes du traitement optimal post-infarctus recommandé en Europe et aux Etats-Unis, incluant statines et bétabloquants, ainsi que de l'accès à la réadaptation, relève le rapport.
Pour expliquer ces retards, l'Académie évoque notamment des différences anatomiques entre les artères coronaires des femmes, "plus petites et plus sinueuses" que celles des hommes, qui peuvent compliquer le traitement immédiat et "augmenter le taux de complication" chez elles.
Certaines causes de l'infarctus sont plus fréquentes chez les femmes, ce qui nécessite une attention spéciale. Ainsi, le syndrome de Takotsubo (également connu sous le nom de "Syndrome du cœur brisé") est plus fréquent chez les femmes. Il se caractérise par une dysfonction temporaire du muscle cardiaque en réponse à un stress émotionnel aigu, souvent déclenché par des événements traumatiques ou stressants. La majorité des cas de dissection coronaire spontanée survient également chez des femmes, ce qui suggère une prédisposition potentielle, relève l'Académie. Enfin, l'infarctus sans obstruction coronaire (MINOCA des anglo-saxons) est 5 fois plus fréquente chez les femmes, et représente jusqu’à 20% des syndromes coronaires aigu.
Des facteurs sociétaux
Ces causes particulières de l'infarctus nécessitent une reconnaissance précoce et une approche adaptée, estime le rapport, selon lequel il essentiel que les cardiologues soient informés de ces aspects afin d'améliorer la prise en charge.
Plusieurs facteurs sociétaux expliquent cette inégalité de prise en charge. Les femmes sont notamment plus résistantes à la douleur ce qui peut entraîner une sous-estimation des symptômes liés à l'infarctus. "Les patientes victimes d’un infarctus vont minimiser les douleurs thoraciques bien que celles-ci soient présentes dans 92% des cas comme chez l’homme et avec la même intensité", constate le rapport. L'infarctus a également longtemps été perçu comme une maladie principalement masculine et non féminine. "Cette perception erronée peut influencer la manière dont les femmes victimes d’un infarctus du myocarde sont diagnostiquées et traitées entrainant des retards dans la prise en charge", analyse l'Académie.
Enfin, les femmes ayant subi des violences physiques ont une augmentation significative de maladies cardiovasculaires. L’existence de ces violences doit donc être considérée comme un facteur de risque supplémentaire à rechercher à l’interrogatoire comme les autres facteurs de risque, insiste le rapport.
Plusieurs facteurs de risque spécifiques aux femmes entrainent une augmentation du risque cardiovasculaire. L'Académie cite notamment l'hypertension gravidique, la prééclampsie, le syndrome des ovaires polykystiques ou encore le diabète gestationnel.
Améliorer la compréhension des particularités anatomiques et des causes spécifiques de l'infarctus permettrait de mieux cibler les efforts de prévention, de diagnostic précoce et de traitement de l'infarctus chez les femmes en France, recommande l'Académie. Les scientifiques estiment qu'il est fondamental de développer une recherche spécifique aux femmes dans ce domaine. Ils appellent également à une meilleure sensibilisation du public.
La sélection de la rédaction
"Un motif, une consultation" : approuvez-vous cette pratique ?
Blue Gyn
Oui
C'est mieux quand le patient sait pourquoi il vient, qu'il annonce la couleur et qu'on peut donc préparer le créneau horaire et l... Lire plus