
80% des médecins généralistes favorables à une légalisation de l'aide à mourir
Un sondage Ifop paru dimanche 11 mai en exclusivité dans La Tribune dimanche relève que 74% des médecins français souhaitent la légalisation de l'aide active à mourir pour les patients, qui la demandent "expressément et de manière réitérée".

Quel rapport les médecins entretiennent-ils avec la fin de vie ? Que pensent-ils de l'aide active à mourir ? Alors que deux propositions de loi - l'une sur les soins palliatifs, l'autre sur l'aide active à mourir - font leur entrée dans l'hémicycle ce lundi, un sondage Ifop réalisé pour l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), et publié en exclusivité dans La Tribune dimanche, montre qu'une majorité de médecins semblent favorables aux évolutions prévues par ces textes législatifs.
Pour parvenir à ces conclusions, l'Ifop a sondé 400 médecins généralistes et spécialistes exerçant à l'hôpital et en ville, d'abord sur leur expérience professionnelle de la fin de vie. Il leur a été demandé s'ils avaient déjà reçu, dans leur pratique médicale, des questions de la part de patients sur les possibilités d'accéder à une aide active à mourir, en France ou à l'étranger, ou des demandes d’aide active à mourir. 77% des médecins interrogés ont répondu par l'affirmative.
Les médecins étaient ensuite amenés à faire part de leurs opinions sur l'aide active à mourir. Des affirmations leur étaient présentées et ils devaient indiquer s'ils étaient favorables ou non. Pour 71% des médecins sondés, l'aide active à mourir apparaît "compatible" avec les soins palliatifs. Pour 70%, elle est "un soin de fin de vie", "au même titre que la sédation profonde et continue avec altération de la conscience maintenue jusqu'au décès".
74% des médecins sondés ont, par ailleurs, jugé "souhaitable" que la France légalise l'aide médicale active à mourir "pour les patients qui la demandent expressément et de manière réitérée" (formulation proposée par l'Ifop dans son sondage). Dans le détail, 28% ont jugé cela "tout à fait souhaitable", 46% "plutôt souhaitable". A contrario, 17% ont répondu "plutôt pas souhaitable" et 9% "pas du tout souhaitable".
Ces chiffres varient en fonction du sexe de l'interviewé, de sa spécialité, de son type d'exercice. Ainsi, 79% des femmes médecins se sont montrées favorables, contre 70% des hommes de l'échantillon. 80% des généralistes ont exprimé leur souhait d'une légalisation de l'aide active à mourir, contre 70% pour les autres spécialistes. Un écart important est également visible entre libéraux (81% sont favorables) et hospitaliers (69%).
58 % des médecins accepteraient de participer activement à une aide active à mourir
Les médecins étaient également interrogés sur leur propension à accompagner un patient souhaitant bénéficier d'une aide active à mourir. D'abord, "sans avoir de rôle actif" (aide aux démarches, rédaction de dossiers…). Dans ce cas, 73% ont répondu "oui" (27% "oui certainement", et 46% "oui probablement"). Là encore, les libéraux (77%) apparaissent davantage prêts à le faire que les hospitaliers (69%).
Il leur a ensuite été demandé s'ils accepteraient de participer "activement" à une aide à mourir "pour un patient arrivé en fin de vie et qui la demande expressément et de manière réitérée". 58% des médecins sondés ont répondu "oui" (16% "oui certainement", 42% "oui probablement) ; 62% pour les généralistes, 55% pour les autres spécialistes. L'écart entre libéraux (60%) et hospitaliers (55%) est moins marqué dans ce cas.
Le sondage Ifop réalisé pour l'ADMD a ensuite distingué euthanasie (administration d'un produit létal par un tiers) et suicide assisté (auto-administration d'un produit létal). Ce lundi 12 mai, la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, a dit vouloir que l'auto-administration constitue "la règle", et la réalisation de l'acte par un professionnel de santé, "l'exception". 68% des médecins sondés se sont déclarés favorables (23% "tout à fait favorable" et 45% "plutôt favorable) à une légalisation de l'euthanasie à titre personnel : 76% pour les libéraux, 60% pour les hospitaliers, 75% pour les généralistes et 63% pour les autres spécialistes.
S'agissant du suicide assisté, 60% ont répondu être favorables à une légalisation à titre personnel (19% "tout à fait favorable", 41% "plutôt favorable"). Des variations apparaissent là aussi en fonction des professionnels sondés. 67% des généralistes se sont déclarés favorables contre 55% des autres spécialistes, et 69% des libéraux contre 51% des hospitaliers.
*Sondage réalisé par téléphone entre le 7 et le 16 avril.
[avec La Tribune dimanche]
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