
Capture BFMTV/RMC
Aide à mourir : "Aucun soignant ne sera obligé de pratiquer l'acte létal", promet Vautrin
Alors que les députés doivent commencer à examiner en séance publique les deux textes relatifs à la fin de vie ce lundi 12 mai, la ministre du Travail et de la Santé a défendu la possibilité d'ouvrir une aide à mourir, tout en soutenant un encadrement strict.

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"Mettons-nous une seconde dans l'état d'esprit de quelqu'un qui souffre à longueur de journées, à longueur de nuits, qui sait que malheureusement la médecine a encore des limites, et qui dit : 'Je ne veux plus souffrir'", a appelé la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, ce lundi matin, dans l'émission Face-à-Face diffusée sur RMC et BFMTV. "Avons-nous le droit de dire : 'Eh bien non, on ne s'intéresse pas à ce sujet' ?", a-t-elle ajouté.
Ce lundi, les députés vont commencer à examiner les deux textes sur la fin de vie dans l'hémicycle : le premier sur les soins palliatifs, l'autre sur l'aide à mourir. Ce second texte, bien moins consensuel que le premier, permettrait, tel qu'il est écrit, aux malades souffrant d'une "affection grave et incurable" qui "engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale", et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s'administrer une substance létale.
Dans une interview accordée au Parisien dimanche 11 mai, Catherine Vautrin a apporté son soutien à cette aide à mourir. Et ce, alors que des voix au sein même du Gouvernement s'y opposent. Sa porte-parole, Sophie Primas, a laissé entendre lundi son opposition et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, se dit régulièrement contre, réaffirmant ce week-end son rejet d'un texte qui est selon lui "celui du renoncement, de l'abandon".
"Je pense exactement l'inverse", a déclaré Catherine Vautrin ce lundi sur BFMTV. La ministre a toutefois présenté plusieurs restrictions qu'elle entend défendre pour un accès plus encadré à l'aide à mourir. "Il y a une forte attente des Français, mais elle doit être strictement encadrée. Le chemin est étroit et je recherche un équilibre entre ceux qui voudraient aller beaucoup plus loin et ceux qui estiment que le cadre actuel est suffisant", a-t-elle expliqué au Parisien.
Au nom du Gouvernement, elle déposera un amendement pour "définir la 'phase avancée', à savoir 'l'entrée dans un processus irréversible marqué par l'aggravation de l'état de santé qui affecte la qualité de vie'", a-t-elle précisé, suivant ainsi l'avis de la Haute Autorité de santé, qu'elle avait elle-même saisie, rendu le 6 mai. L'autorité avait conclu qu'il n'existait pas à ce jour de "consensus médical sur la définition du pronostic vital engagé 'à moyen terme', ni sur la notion de 'phase avancée' lorsqu'elles sont envisagées dans une approche individuelle".
"Cette démarche d'auto-administration est aussi une démarche supplémentaire de protection du corps médical"
Le discernement étant un point "absolument majeur", Catherine Vautrin a aussi indiqué au Parisien qu'elle déposerait un amendement gouvernemental "pour rétablir le délai de réflexion incompressible de 48 heures, à compter de l'accord des médecins". "Le patient doit bien mesurer l'importance de ce qu'il demande", a-t-elle soutenu. Si le patient "perd son discernement" après avoir demandé une première fois à pouvoir bénéficier de l'aide à mourir, "la procédure s'arrête", a-t-elle précisé dans le Face-à-Face BFMTV/RMC, en mettant l'accent sur la collégialité de la décision.
Concernant l'acte en lui-même, "le patient doit s'administrer la substance létale, cela doit être la règle", a estimé la ministre dans les colonnes du Parisien. "La réalisation par un professionnel de santé sera l'exception, même s'il y aura aussi la présence d'un soignant en cas d'auto-administration." En commission, les députés avaient décidé de laisser aux patients le libre choix entre auto-administration du produit létal et administration par un soignant volontaire pour le faire.
"Cette démarche d'auto-administration est aussi une démarche supplémentaire de protection du corps médical", a dit Catherine Vautrin ce lundi, assurant que "la clause de conscience s'appliquera". "Aucun soignant ne sera obligé de pratiquer l'acte létal", a insisté la ministre de la Santé.
[avec Le Parisien, BFMTV/RMC et AFP]
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