
Bayrou tacle "le manque de responsabilité" des médecins libéraux : "Leurs études ont été financées par la collectivité"
Dans une interview accordée au Journal du dimanche, le Premier ministre déplore le refus de toute contrainte manifesté par certains médecins libéraux alors que, souligne-t-il, ils sont "rémunérés par la Sécurité sociale et leurs études ont été financées par la collectivité".

Présenté comme une alternative à la régulation de l'installation portée par la proposition de loi Garot, le "pacte de lutte contre les déserts médicaux" annoncé 25 avril par François Bayrou n'a pas convaincu la profession. Les médecins libéraux, en particulier, se montrent guère enthousiastes à l'idée d'aller consulter un ou deux jours par mois dans une "zone rouge" : le débat lancé par Egora, auxquels 792 professionnels de santé ont participé, montre un taux d'opposition à la mesure de 75%.
Interrogé par le JDD sur le refus de toute contrainte manifesté par certains libéraux, François Bayrou n'a pas mâché ses mots. "Tous les médecins sont rémunérés par la Sécurité sociale, et leurs études ont été financées par la collectivité. C’est un investissement de la nation. On ne peut pas bénéficier de tout ce que le pays offre sans en accepter les responsabilités, tance le Premier ministre. Dire 'aucune contrainte', c’est à mes yeux une forme d’indifférence ou de manque de responsabilité."
Des déclarations qui "ont profondément choqué nombre de soignants", a déploré l'association Médecins pour demain, dans une "lettre ouverte" au chef de l'exécutif. "Elles trahissent une méconnaissance flagrante du quotidien des médecins, tout en alimentant une forme de mépris, injuste et dangereuse, à l’égard d’une profession que vous accusez, en substance, d’irresponsabilité." "Non, les médecins ne sont pas indifférents et ne manquent pas à leurs responsabilités, renchérit l'UFML. Nous sommes chaque jour face aux Français, les médecins libéraux réalisant deux millions de consultations par jour, les seuls médecins généralistes plus de 250 millions de consultations par an, travaillant plus de 50 heures par semaine, assurant plus de 95% des gardes avec un risque suicidaire de 2.5 fois celui de la population générale…", rappelle le syndicat.
Médecins pour demain et l'UFML démentent ainsi l'affirmation selon laquelle les médecins sont rémunérés par la Sécurité sociale. "Les médecins sont rémunérés par les patients, via le remboursement d’actes médicaux", rectifie Médecins pour demain. "Les médecins libéraux sont des chefs d’entreprise qui assument leurs charges et leurs frais de fonctionnement et paient leurs cotisations professionnelles et de retraite", ajoute l'UFML. "Nous ne sommes pas des agents de l’État ni des fonctionnaires de l’Assurance maladie", dément le syndicat, qui compare : "Quand votre garagiste après le remplacement d’un pare-brise ne vous fait payer que la franchise, il n’est pas pour autant salarié de votre assurance."
Par ailleurs, les deux organisations rappellent à François Bayrou que les internes, "surexploités, sous-payés", ne sont "pas redevables du financement de leurs études par la collectivité". Au contraire, "ils font tenir les hôpitaux par leur mérite et leurs vies, dans des conditions indignes et qui défient le code du travail", lance l'UFML.
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