"Main aux fesses", "pouce sur le clitoris"… Trois ans avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer requis contre un généraliste

09/03/2022 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice
Trois ans de prison avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer ont été requis contre un médecin généraliste de 61 ans, jugé pour des agressions sexuelles sur quatre patientes. 

"Main aux fesses", "palpations des seins inadaptées", "pouce sur le clitoris"…Le praticien n'est pas un prédateur mais "quelqu'un de familier, dans une trop grande proximité", ce qui peut aller jusqu'au "basculement", par "opportunité", a estimé le procureur. 

A la barre, le prévenu de 61 ans a nié toute agression, mais reconnu de "possibles" comportements déplacés. "La société évolue, certains gestes peuvent être considérés comme trop familiers, aujourd'hui." 

Une des victimes, alors âgée d'une vingtaine d'années, a témoigné d'"un comportement déplacé" pendant des mois. "Mais il m'a masturbé le clitoris, et m'a demandé 'je te fais du bien ?'. Là, c'était plus possible", ajoute-t-elle. Ce jour de 2015, quand elle se rend chez lui pour "un certificat" après des violences conjugales, il "la regarde" se déshabiller, puis "passe sa main le long de son dos, de sa fesse", avant d'observer ses hématomes, décrit-elle dans sa plainte. 

De manière "injustifiée", il lui demande d'enlever son soutien-gorge, palpe ses seins, et, parce qu'elle a "récemment eu une grossesse extra-utérine", "insiste" pour "vérifier" les ovaires, par un toucher vaginal. "Il a posé son pouce sur mon clitoris, et il a frotté", racontera-t-elle. 

Sur 200 ex-patientes contactées, trois autres portent plainte pour des agressions sexuelles entre 2015 et 2017. Une dizaine évoqueront des comportements "déplacés". "En m'accompagnant à la porte, il me passait la main dans le dos, jusqu'aux fesses", témoigneront plusieurs femmes. 

Selon l'enquête, le médecin appelle ses patientes "cocotte" ou "ma puce", fait la bise, caresse les cheveux ou complimente la poitrine de certaines. 

Une deuxième victime, 36 ans au moment des faits, a elle aussi dénoncé mardi des "mains dans la culotte", des attouchements à la poitrine, aux fesses et au niveau du clitoris. Elle assure avoir un jour "senti une érection" dans son dos. "C'est faux", réplique le médecin. "Elles le ressentent comme ça", mais "la palpation fait partie des examens" pour certaines pathologies, explique celui qui est interdit d'exercer depuis son contrôle judiciaire en 2017. 

Sur quatre plaignantes, deux sont absentes, l'une d'elles n'ayant "jamais répondu aux convocations", a rappelé le président. 

L'avocate de l'Ordre des médecins a estimé mardi qu'il était "difficile" de déterminer la "limite entre mauvaise pratique médicale, familiarité voire grossièreté" et "gestes délictuels". 

[Avec AFP] 

SAS : accepterez-vous de partager votre agenda ?

Pierre Nevians

Pierre Nevians

Non

A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

0 commentaire
2 débatteurs en ligne2 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

"En 10 secondes le diagnostic est fait" : l'échographie par les généralistes, une solution pour faciliter l...
21/02/2024
42
Portrait
"Je suis loin d’avoir lavé mon honneur mais j’ai rétabli l’histoire" : les confidences d’Agnès Buzyn, ministre...
22/12/2023
36
"Se poser dans une bulle, ça fait du bien" : en immersion dans cette unité cachée qui soigne les soignants...
05/01/2024
15
Santé publique
Ce qui se cache derrière la hausse inquiétante de l'infertilité
13/03/2024
17
"Ils ont une peur primaire de la psychiatrie" : pourquoi les étudiants en médecine délaissent cette spécialité
27/02/2024
28
Podcast
"C'est assez intense" : reportage dans un centre de formation des assistants médicaux
01/03/2024
9