Dix patients portent collectivement plainte contre un centre de santé “holistique”

02/06/2023 Par Pauline Machard
Faits divers / Justice
La plainte collective était en préparation. Elle est désormais envoyée. Dix anciens patients ont décidé de porter plainte ensemble contre Complexus Care, un centre de santé “holistique” situé à Pélissanne, près d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), proposant un suivi thérapeutique 100% à distance, a appris l’AFP le 1er juin, de source judiciaire.  

 

Les motifs ? “Abus de confiance et de faiblesse”, “escroquerie” et “exercice illégal de la médecine’, des faits passibles d’une peine de prison allant jusqu’à 5 ans et d’une amende de 750 000 euros, a précisé à l’agence de presse l’avocate portant cette plainte.  

Pour rappel, Complexus Care, fondé par Hocine Sekkiou, un influenceur adepte des médecines non conventionnelles, emploie des nutritionnistes et des naturopathes, officiellement en “synergie” avec des médecins en Belgique. Sans jamais avoir rencontré leurs patients, ces derniers prescrivaient de lourds traitements médicamenteux, parfois très controversés, voire interdits, comme l’avait révélé fin avril le quotidien La Provence.  

 

Le parquet alerté dès le 4 mai 

Des milliers de malades du monde entier ont fait appel depuis 2021 à ce centre de santé supposé prendre en compte chaque patient dans sa globalité, “biologie, vécu et environnement”, avec la promesse d’une prise en charge pluridisciplinaire et individualisée. Or, selon des témoignages recueillis par l’AFP, le suivi médical était identique ou presque pour tous les patients, quelles que soient leurs pathologies : problèmes de thyroïde, infertilité ou Covid long. Le tout pour un coût exorbitant non couvert par la Sécurité sociale.  

Cette plainte collective sera “étudiée par le pôle spécialisé Santé publique en vue de la détermination des suites à donner”, a fait savoir le parquet de Marseille, alerté sur ce dossier dès le 4 mai, via un signalement de l’ARS PACA. À noter que l’Ordre des médecins a aussi été saisi pour exercice illégal de la médecine, et que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a effectué un signalement également auprès du parquet. “Nous n’avons forcé personne à rejoindre le centre”, s’est défendu un “membre de la famille proche” d’Hocine Sekkiou. 

Ce dernier est aussi accusé de pressions, voire de harcèlement, par d’ex-salariés, poussés notamment à interpréter des analyses dépassant leurs compétences. Plusieurs d’entre eux prépareraient une plainte.  

[Avec AFP] 

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A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

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