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Trajectoires des maladies atopiques de l'enfant : une modification est-elle possible ?

Les maladies allergiques ont une trajectoire dans le temps influencée par divers facteurs, environnementaux notamment, qui interagissent avec le système immunitaire et les différentes barrières d’un individu.

08/05/2025 Par Alexandra Verbecq
20e Congrès francophone d'allergologie
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Plusieurs cohortes (Haider S. Et al., Am J respir. Crit Care Med 2022) montrent que les profils de développement des maladies atopiques sont très hétérogènes. « Seule une minorité des patients (de 3 à 7%) suivent la marche atopique. Les autres développent soit une seule maladie atopique soit des multi-morbidités avec une survenue dans le temps variable d’un individu à l'autre. Cela reflète la complexité des mécanismes physiologiques impliqués », affirme Karine Adel-Patient, directrice de recherche INRAE, laboratoire d’immuno-allergie alimentaire, Université Paris-Saclay.

Si l’association de survenues d'asthme ou d'allergies alimentaires chez des enfants qui auront eu au préalable une dermatite atopique (DA) est plus forte, elle n’est toutefois pas forcément obligatoire. « La trajectoire atopique doit être analysée à l'échelle individuelle et non populationnelle. Elle dépend de facteurs intrinsèques non modifiables (génétique, sexe,…) mais aussi de facteurs environnementaux modifiables (mode de vie, pollution, exposition au tabagisme, alimentation, stress chimiques et psychologiques…). Si ces facteurs sont responsables de l'induction de ces maladies, ils peuvent aussi très probablement modifier la trajectoire atopique. De même via l’action des immunothérapies allergéniques (ITA) », précise la chercheuse.

 

Impact des facteurs environnementaux sur les 1 000 premiers jours de la vie

Une étude de cohortes (Eun Lee et al. J Allergy Clin Immunol. 2025) a suivi et décrit différentes trajectoires de DA d’enfants coréens pendant 8 ans. Ils ont prélevé leurs selles à 6 mois et analysé la composition du microbiote par séquençage. Chaque phénotype était associé à une réponse locale différente. « Ainsi dès six mois, la barrière intestinale de ces enfants a influencé leur trajectoire atopique plus tard dans leur vie. Ce qui fait un lien avec le concept de la DOHaD (origine environnementale de la santé et des maladies). Celui-ci suggère que les 1 000 premiers jours (dès la vie intra-utérine) sont cruciaux pour la maturation correcte des organes et de leurs fonctions (immunitaires, microbiotes…) et que cette période est particulièrement sensible aux facteurs environnementaux (respiratoires, alimentaires, stress…) qui pourraient avoir un impact sur la trajectoire atopique », poursuit la scientifique.

 

Facteurs de risque ou de protection

« Un facteur de risque précoce d'avoir une trajectoire défavorable est la prise d'antibiotiques. Plusieurs études (notamment Lauren Hoskin-Parr et al., Pediatr. Allergy Immunol. 2013) avaient montré que le risque relatif d'avoir une maladie allergique augmentait proportionnellement avec la prise d’antibiotiques tôt dans la vie (vs pas d’antibiotique). Celle-ci influence le microbiote et peut-être d'autres facteurs », alerte le Dr Philippe Eigenmann, unité d’allergologie pédiatrique (Hôpitaux universitaires de Genève). Un autre facteur de risque est le VRS chez les petits enfants. Une méta-analyse (Heidi Makrinioti et al., Pediatr. Allergy Immunol. 2022) a établi que les patients ayant eu une bronchiolite à VRS avait un risque de développer un asthme récurrent par la suite vs les patients sains, mais également vs ceux ayant eu une bronchite à rhinovirus, indiquant que le type de virus jouait aussi un rôle.

Du côté des facteurs protecteurs, l’exposition aux animaux et aux poussières issues de l’environnement fermier traditionnel (notamment via sa composition en lipocalines bovines) est bénéfique. Une ancienne étude (Riedler et al. Lancet 2001) avait confirmé que l’exposition à la ferme et la consommation de lait non pasteurisé protégeait le plus efficacement de la trajectoire atopique (1% d’asthme chez ceux exposés vs 12% pour ceux qui ne l’était pas). « L’immunothérapie allergénique (ITA) est une autre stratégie évoquée pour modifier les trajectoires. Et au niveau alimentaire, l’introduction précoce d’aliments allergéniques est encore plus efficace. Une méta-analyse (Scarpone R. et al., JAMA Pediatr. 2023) a montré que le risque relatif de développer une allergie par la suite après l'introduction précoce d’allergènes est très faible que cela soit pour les œufs, les arachides ou le lait », rapporte le spécialiste.

Références :

20ème Congrès francophone d’allergologie, Paris, palais de Congrès, 15-18 avril 2025. D’après la session "Trajectoires des maladies atopiques de l’enfant".

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