
La dépression du post-partum touche, chaque année, près de 125 000 femmes en France
Dépister et soigner la dépression du post-partum : le médecin généraliste en première ligne
Professionnel de santé de proximité, le médecin généraliste est un acteur clé dans le dépistage précoce de la dépression du post-partum et l’orientation des patientes vers des prises en charge adaptées, si nécessaire.

La dépression du post-partum touche, chaque année, près de 125 000 femmes en France
La dépression du post-partum (DPP) touche, chaque année, près de 125 000 femmes en France*. Deux mois après l’accouchement, plus de 200 000 femmes éprouvent de l’anxiété, et près de 40 000 ont des idées suicidaires*. "La grossesse est une période de remaniement sur différents plans : biologiques, physiologiques, psychiques... Cela rend les femmes plus vulnérables à la survenue ou à l’aggravation de troubles psychiatriques", souligne Nolwenn Regnault, responsable de l’unité périnatale, petite enfance et santé mentale, épidémiologiste à Santé publique France.
Le suicide et les maladies cardiovasculaires sont les premières causes de mortalité maternelle. Les maladies mentales impactent non seulement la santé de la mère mais aussi le développement de l’enfant. Leur prise en charge précoce est primordiale. "Durant la grossesse, les différentes consultations (avec les médecins généralistes, les gynécologues, les sages-femmes) devraient être des opportunités pour dépister et soigner les vulnérabilités et les maladies psychiques", précise-t-elle. Pour cela, des outils simples et efficaces existent. C’est notamment le cas de l’Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS) : un test de dépistage de la DPP en dix questions, reconnu au niveau mondial. Ce questionnaire peut être utilisé par tous les professionnels de santé et, notamment, le médecin généraliste.
Des facteurs de risque de DPP bien identifiés
"Le fait d’être particulièrement jeune ou âgée au moment de l’accouchement peut rendre la femme plus vulnérable à la DPP. Le manque de soutien des proches, les antécédents psychologiques ou psychiatriques, une dépression lors de la grossesse et une faible littératie en santé favorisent également cette maladie", note Nolwenn Regnault. Autre point important : le vécu de l’accouchement. Certaines femmes souffrent de stress post-traumatique. "Dans le cadre de l’enquête nationale périnatale**, nous avons montré que les femmes ayant eu un accouchement par voie basse instrumental sont plus à risque de DPP que celles qui ont eu un accouchement par voie basse spontané", poursuit-elle. Par ailleurs, 12 % des femmes interrogées dans cette étude ont déclaré avoir ressenti des difficultés psychologiques durant leur grossesse. Mais 73 % des femmes n’ont pas eu recours aux soins. "Or, il existe des temps d’échange dédiés pour pouvoir aborder la question de la santé mentale chez les femmes enceintes ou durant le post-partum. Tout d’abord, l’entretien prénatal précoce est obligatoire dès le quatrième mois de grossesse. Il peut être effectué par les médecins généralistes, les gynécologues et les sages-femmes. Désormais, l’entretien post-natal précoce st également obligatoire entre la 4e et 8e semaine après l’accouchement", insiste Nolwenn Regnault.
Travailler en réseau : une nécessité
Dans les faits, le médecin généraliste a bien d’autres occasions de pouvoir dépister une dépression chez les femmes. "Nous les voyons en consultation avant, pendant et après leur projet de grossesse et pour de nombreux autres motifs. Parfois, elles nous consultent pour leur enfant malade. Rien ne nous empêche, à cette occasion, de nous renseigner sur leur état en leur demandant si elles vont bien. Cette question simple permet de délier les langues : elle peut inciter les mères à parler de leur santé mentale", affirme la Dre Shérazade Kinouani, médecin généraliste à Bordeaux. Quoi qu’il en soit, pour une prise en charge optimale, le généraliste doit travailler en réseau. "Il n’est pas seul ! Il doit savoir s’entourer des sages-femmes, des psychologues, des médecins de PMI, des psychiatres libéraux ou hospitaliers, des unités de soins primaires de natalité, notamment s’il a repéré un risque suicidaire. Enfin, il peut aussi orienter ses patientes vers des structures de soutien à la parentalité tels que les lieux d’accueil enfants-parents", conclut la Dre Kinouani.
* Doncarli A, et al. Bull Epidemiol Hebd 2023;(18):348-60.
** Cinelli H, Lelong N, Le Ray C. Enquête nationale périnatale : rapport 2021. https://enp.inserm.fr/
L’Enquête nationale périnatale 2021(Inserm, Santé publique France) se fonde sur les réponses de 7 400 femmes suivies durant deux mois après leur accouchement (via un questionnaire téléphonique ou en ligne).
Au sommaire de ce dossier :
- Violences conjugales : poser plus systématiquement la question en consultation
- Insuffisance cardiaque : des pistes pour optimiser le parcours de soins des patients
- Chutes sévères : le médecin doit aussi sensibiliser les "jeunes" seniors
- Troubles du neurodéveloppement : de nouvelles missions pour le médecin généraliste
- Troubles de la santé mentale des enfants : des règles thérapeutiques à maîtriser
- Sevrage tabagique : halte aux idées reçues
Références :
D’après la session plénière "Dépression périnatale", lors du 18e Congrès Médecine Générale France (CMGF, Paris, du 27 au 29 mars 2025).
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