
Cardiologie : déploiement des équipes de soins spécialisés pour optimiser l'accès aux soins
Le Syndicat national des cardiologues s'engage en faveur de ces nouvelles formes d’exercice coordonné, qui sont complémentaires des organisations existantes telles que les équipes de soins primaires (ESP) et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

Chaque année, 220 cardiologues partent à la retraite et seuls 185 internes sont formés. Ces spécialistes - libéraux, pour la plupart - doivent répondre à des missions de plus en plus larges. Par ailleurs, en matière d’accès aux soins en cardiologie, de fortes disparités territoriales existent. Dans les régions où le manque de cardiologues est le plus notable, les patients peuvent attendre plusieurs mois avant d'obtenir un rendez-vous. Quant à la coordination entre professionnels de santé, elle reste insuffisante. Les équipes pluridisciplinaires, notamment, sont peu organisées. Face à ce constat, le Syndicat national des cardiologues (SNC) déploie une stratégie nationale pour structurer les équipes de soins spécialisés en cardiologie (ESS de Cardiologie).
Inscrit dans le cadre de la convention médicale de 2024, ce nouveau dispositif d’exercice coordonné est complémentaire des structures existantes telles que les équipes de soins primaires (ESP) et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). "Les ESS ont pour rôle de coordonner et sécuriser le parcours de soins des patients. Elles structurent l’offre de spécialité sur le territoire et permettent aux médecins traitants d’obtenir rapidement un avis spécialisé, par télé-expertise, téléconsultation ou en présentiel. Elles permettent aussi d'améliorer l’accès géographique et financier aux soins pour tous les patients", souligne le Dr Vincent Pradeau, président du SNC.
Concrètement, pour mener à bien ces missions, les ESS doivent regrouper des médecins d’une même spécialité (à l’exception de la médecine générale) ; réunir au minimum 10% des spécialistes libéraux du territoire, avec un objectif de 50%. Elles peuvent inclure d'autres spécialistes et professionnels de santé libéraux, salariés ou ayant un exercice mixte. Les équipes de l'ESS doivent collaborer avec les établissements de santé et les autres acteurs du parcours de soins de leur territoire. Guichets uniques, les ESS facilitent ainsi l’accès à l'expertise médicale spécialisée. "Dans certaines régions, nous devons faire face à l'allongement des délais de rendez-vous, mais aussi à un problème d'adressage des patients. Nous avons besoin d'un maillon de filtrage tel que les ESS pour trouver le meilleur parcours de soins pour chacun d'entre eux. La réponse doit être adaptée au territoire. Il s'agit de mettre le bon cardiologue au bon moment devant le bon patient", indique le Dr Pradeau.
Les premières ESS montrent l'exemple...
Les premières ESS de cardiologie sont en cours de développement. Celle du Maine et Loire par exemple, regroupe 27 cardiologues libéraux du département. Validée par l'agence régionale de santé depuis novembre 2023, elle propose notamment des consultations avancées sur 9 cabinets de médecins généralistes, des réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP), un parcours structuré pour les patients insuffisants cardiaques... "L'ESS doit être en mesure d'apporter une réponse graduée et pertinente, en fonction du besoin du patient. Au sein de notre ESS, nous avons mis en place des protocoles et des formations pour que chaque professionnel de santé trouve sa place dans le parcours de soins : cardiologue, médecin généraliste, futurs médecins, infirmiers en pratique avancée (IPA)...", note le Dr Jean-Baptiste Caillard, président URML des Pays de La Loire.
L'ESS Cardio d'Ile-de-France permet, quant à elle, aux médecins généralistes d'accéder à une expertise cardiologique en moins de 24 heures (via une consultation physique ou une télé-expertise avec un cardiologue) afin de réduire les passages aux urgences. "Nos collègues cardiologues sont bookés. Nous travaillons beaucoup avec les jeunes médecins récemment installés qui acceptent les nouveaux patients. L'évaluation que nous avons réalisée auprès de 4 000 patients sur 2 ans est très encourageante : dans 60% des cas, nous avons réussi à obtenir une consultation physique dans les 3 à 5 heures pour les patients. Nous avons également évité le recours aux hôpitaux dans 98% des cas", conclut le Dr Patrick Assyag, président de l'ESS Cardio IDF.
*Le SNC propose une boîte à outils pour accompagner les porteurs de projet d’ESS des différents départements et régions avec un résumé du cahier des charges. La boîte à outils est disponible sur le site.
Des expérimentations en cours
Depuis 2022, des ESS cardiologie sont en cours d’expérimentation dans le cadre de l’article 51 "ESS Cardiologie et Télémédecine". Ces ESS "Cardio+" ont été déployées en Pays de la Loire, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Centre-Val de Loire. Elles prennent en charge des patients vulnérables, relevant de prises en charge cardiologiques en dehors de l'urgence ou des patients en zone sous denses ou ne pouvant être déplacés sans mobilisation par un tiers. "Dans ce cadre, nous avons notamment développé des équipes mobiles (composées d'infirmiers dotés d'outils connectés) se déplaçant au domicile des patients pour récupérer toutes les données dont un cardiologue a besoin pour faire un diagnostic, organiser un parcours de santé et optimiser la prise en charge", note le Dr Thierry Garban, coordinateur national du projet ESS Cardiologie.
Références :
D’après une conférence de presse du Syndicat national des cardiologues (SNC, 10 avril)
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