Arthrose

Arthrose de la main : de premières recommandations françaises

Arthrose la plus fréquente après celle du genou, l’arthrose de la main occasionne un handicap important chez les personnes qui en sont atteintes. La Société française de rhumatologie s’apprête à publier ses premières recommandations sur le sujet.

03/02/2025 Par Romain Loury
37e Congrès français de rhumatologie Rhumatologie
Arthrose

Derrière l’arthrose du genou, celle affectant la main est la plus fréquente dans la population. «Une femme sur deux et un homme sur quatre souffriront au cours de leur vie d’une arthrose de la main symptomatique», rappelle la Dre Alice Courties, du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine (Paris). On en distingue deux formes principales : d’une part, l’arthrose de la base du pouce (ou rhizarthrose), d’autre part, l’arthrose des interphalangiennes (proximales et distales, ou arthrose digitale). Dans 75% des cas, les patients présenteront les deux formes, avec «un retentissement important sur leur vie quotidienne».

Pour la première fois, la Société française de rhumatologie (SFR) a élaboré des recommandations de prise en charge, pharmacologique et non pharmacologique, de l’arthrose de la main. Présentées mi-décembre lors de son congrès annuel, elles rappellent en premier lieu l’importance de proposer des exercices aux patients, à des fins de mobilisation articulaire, de renforcement musculaire, de préhension et de proprioception. Si leur balance bénéfice/risque est «très favorable», leur effet n’est pas maintenu dans le temps, d’où l’importance pour le patient de poursuivre ces exercices.

Afin de soulager les patients, une orthèse de repos doit être proposée à ceux atteints de rhizarthrose, et peut l’être à ceux présentant une arthrose des interphalangiennes. Les experts de la SFR ne se prononcent, en revanche, pas sur le type d’orthèse, souple ou rigide, courte ou longue, à privilégier. De même, le médecin doit dispenser à son patient des conseils ergonomiques et techniques afin de faciliter son quotidien – les recommandations, une fois publiées, seront accompagnées d’une fiche à ce sujet.

 

AINS topiques et «per os»

Côté traitement, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) topiques conduisent à une atténuation de la douleur et une amélioration de la fonction. Selon Alice Courties, «il n’existe pas de différence démontrée avec les AINS per os». Ceux-ci peuvent aussi être proposés, «notamment en cas de poussée douloureuse, mais pour la durée la plus courte possible, à la dose la plus faible» et en prêtant attention aux comorbidités, en particulier cardiovasculaires, rénales et gastro-intestinales. Quant aux autres antalgiques, le paracétamol constitue également une option, à la différence des opioïdes faibles, dont le tramadol, qui «ne devraient pas être utilisés» contre l’arthrose de la main.

Le sulfate de chondroïtine peut aussi être envisagée, à la dose de 800 mg/j, mais uniquement «à visée symptomatique et sans en attendre d’effet structural», non démontré à ce jour en cas de prise prolongée. Quant aux corticoïdes oraux, ils doivent être réservés aux poussées inflammatoires polyarticulaires, et ce pour une durée limitée. De même que pour les infiltrations articulaires de corticoïdes, efficaces dans les arthroses interphalangiennes en poussée inflammatoire, mais dont les résultats dans la rhizarthose sont négatifs.

Quant à la colchicine, à l’hydroxychloroquine, au méthotrexate et aux traitements biologiques anticytokiniques, ils «ne devraient pas être proposés», en raison de résultats négatifs obtenus lors d’essais contrôlés randomisés, poursuit Alice Courties. Pour le méthotrexate, un récent essai dans l’arthrose de la main a suggéré une légère amélioration de la douleur, avec une baisse de 9,9 mm sur une échelle visuelle analogique (EVA) de 0 à 100 mm, par rapport au placebo (1). Un effet modeste dont les experts de la SFR préfèrent attendre confirmation par d’autres travaux, avant de se prononcer.

Parmi les approches complémentaires, l’application de chaleur, par des bains de boue ou de paraffine, «pourrait être envisagée, pour un effet antalgique à court terme», même si le niveau de preuve demeure faible, indique Alice Courties. Quant aux ondes électromagnétiques, au laser, aux bandes adhésives de contention ou à l’acupuncture (dont l’efficacité a été suggérée dans l’arthrose du genou mais pas dans celle de la main), ils «ne doivent pas être proposés».

Références :

D’après le 37e Congrès français de rhumatologie, Paris, 8 au 10 décembre 2024. D’après la présentation de la Dre Alice Courties (hôpital Saint-Antoine, Paris) lors de la session « Recommandations SFR ».

1.    Wang Y, et al. Lancet, 12 octobre 2023.

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