Une pompe à insuline en boucle fermée permet de mieux contrôler la glycémie chez les patients hospitalisés en soins non critiques

06/09/2018 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Plus d’un quart des patients hospitalisés (quelle qu’en soit la cause) ont actuellement un diabète et, chez ces patients, l’obtention des objectifs glycémiques recommandés est compliquée par différentes réponses métaboliques à la maladie aiguë, une modification des conditions nutritionnelles ou des modifications de la sensibilité à l’insuline liées à des médicaments comme les glucocorticoïdes.

Or on sait que l’hyperglycémie chez les patients hospitalisés augmente la durée de séjour, augmente les taux de complication et de décès. Si la correction de l’hyperglycémie diminue le risque de ces complications, l’insulinothérapie conventionnelle augmente aussi le risque d’hypoglycémie associé à une augmentation de la morbidité et de la durée d’hospitalisation. De plus, le contrôle glycémique chez les patients hospitalisés est souvent inadéquat. Ceci a donc poussé une équipe anglaise et suisse à tester si un système de pompe à insuline en boucle fermée (l’injection d’insuline étant réglée en fonction de la glycémie mesurée en continu) pouvait améliorer le contrôle glycémique des patients diabétiques de type 2 hospitalisés et cela en comparaison d’une administration d’insuline conventionnelle, c’est-à-dire à la demande, en fonction des résultats de la glycémie. Dans cette étude randomisée, ouverte, conduite dans des services de 2 hôpitaux du Royaume-Uni et de Suisse, 136 adultes ayant un diabète de type 2 hospitalisés en unité aiguë quelconque (à l’exception d’un service de réanimation) et qui nécessitaient une insulinothérapie sous-cutanée, ont reçu soit l’insuline sous forme d’insulinothérapie conventionnelle sous-cutanée en fonction des pratiques habituelles locales (66 patients), soit une administration d’insuline en boucle fermée par une pompe à insuline asservie à la glycémie (70 patients). Le critère d’évaluation principale était le pourcentage de temps pendant lequel la mesure de la glycémie capillaire en continu était dans la valeur de glycémie cible (entre 1 et 1.8 g/l) et cela pendant 2 semaines ou jusqu’à la sortie de l’hôpital. Le pourcentage moyen de temps pendant lequel la glycémie était dans l’objectif était de 65.8 ± 16.8 % dans le groupe boucle fermée et de 41.5 ± 16.9 % dans le groupe témoin, donnant une différence de 24.3 ± 2.9 % (IC 95 % = 18.6 à 30, p < 0.001). Les valeurs au-dessus de la cible étaient trouvées chez 23.6 ± 16.6 % des patients en boucle fermée et de 49.5 ± 22.8 % des patients en traitement conventionnel, soit une différence de 25.9 ± 3.4 % (19.2 à 32.7 ; p < 0.001). La glycémie moyenne était de 1.54 g/l dans le groupe à boucle fermée et de 1.88 g/l dans le groupe témoin (p < 0.001). Il n’y avait pas de différence significative entre les groupes pour ce qui concernait la durée des hypoglycémies ou la quantité d’insuline administrée. Il n’y a pas eu d’épisode d’hypoglycémie sévère ou d’hyperglycémie cliniquement significative avec cétonémie dans aucun des deux groupes. En conclusion, chez les patients ayant un diabète de type 2 qui sont hospitalisés en dehors d’un service de réanimation, l’utilisation d’une pompe à insuline asservie à la glycémie en boucle fermée s’accompagne d’un meilleur contrôle que le traitement par insuline conventionnelle en sous-cutané et cela sans majoration du risque d’hypoglycémie.

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