Un adénome surrénalien, même non fonctionnel, peut modifier la composition corporelle avec des effets délétères

16/11/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
On découvre de plus en plus fréquemment des tumeurs surrénaliennes du fait de l’utilisation croissante du scanner abdominal : on admet qu’actuellement, on en détecte chez 5 à 7 % de la population générale et jusqu’à 10 % chez les sujets les plus âgés.

  La majorité de ces tumeurs surrénaliennes sont des adénomes surrénaliens. En fonction de l’évaluation biologique, près de la moitié sont considérées comme non fonctionnelles et 30 à 50 % ont une sécrétion de cortisol faible mais autonome pour laquelle on s’inquiète des potentielles conséquences délétères sur l’organisme. L’une des conséquences d’un hypercortisolisme, même très faible, est de modifier la composition corporelle et d’induire ainsi un risque cardiovasculaire du fait d’une augmentation de la graisse viscérale et d’une sarcopénie. Une équipe américaine de la Mayo Clinic a voulu comparer la composition corporelle des patients ayant un adénome surrénalien avec celle de sujets n’ayant pas de pathologie surrénalienne, cela dans le cadre d’une étude transversale entre 2014 et 2018. Tous les participants adultes ayant un adénome surrénalien non fonctionnel ou ayant un adénome surrénalien avec une sécrétion faible, autonome, de cortisol (hypercortisolisme infraclinique) et tous les patients ayant un syndrome de Cushing patent lié à un adénome surrénalien ont eu une mesure de la composition corporelle et ont été comparés à des sujets témoins sans pathologie surrénalienne. La composition corporelle était calculée à partir d’une imagerie scanner abdominale. Le tissu adipeux intra-abdominal et la masse musculaire étaient mesurés au niveau de L3. Sur 227 patients ayant un adénome surrénalien, 20 ont été considérés comme porteur d’un syndrome de Cushing patent, 76 avaient un hypercortisolisme infraclinique et 131 avaient un adénome surrénalien non fonctionnel. L’âge médian était de 56 ans (extrêmes 18-89), 67 % étaient des femmes. En comparaison à des sujets témoins, les patients ayant un syndrome de Cushing patent avaient une graisse viscérale supérieure (odds ratio = 2.2 ; IC 95 % = 0.9 – 6.25). Les patients ayant un hypercorticisme infraclinique avaient eux aussi une graisse viscérale supérieure (odds ratio = 2 ; 1.3 – 3.2). De manière inattendue, il en était de même pour les adénomes surrénaliens considérés comme non fonctionnels puisque l’odds ratio était de 1.8 (1.2 – 2.7). Les trois groupes avaient aussi une surface musculaire squelettique inférieure (odds ratio respectifs = 0.01 ; 0 – 0.09 ; 0.31 ; 0.18 – 0.49 et 0.3 ; 1.2 – 2.7). Pour chaque augmentation du cortisol de 1 µg/dl après freinage par dexaméthasone, le rapport graisse viscérale/surface musculaire augmentait de 2.3 (p = 0.02) et l’aire musculaire squelettique totale moyenne diminuait de 2.2 cm2 (p = 0.03). En conclusion, les patients ayant un adénome surrénalien ont une diminution de la masse musculaire et une augmentation de la graisse viscérale en comparaison à des sujets témoins, y compris les patients qui ont un adénome surrénalien considéré comme non fonctionnel. Cette étude confirme donc qu’une anomalie, même très minime, de la sécrétion de cortisol peut avoir des conséquences en termes de santé chez les patients ayant un adénome surrénalien.

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A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

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