Prolactinome traité par agoniste dopaminergique : attention aux troubles du contrôle des impulsions

05/07/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les agonistes dopaminergiques sont des médicaments très utilisés dans le traitement des patients présentant une hyperprolactinémie. Ces médicaments, en particulier la cabergoline, sont très efficaces pour normaliser la glycémie, réduire le volume des adénomes hypophysaires en cas de macroprolactinome et redonner une fonction gonadotrope normale avec une normalisation des problèmes d’infertilité.

Ces médicaments sont généralement bien tolérés et prescrits au long cours avec parfois la nécessité de recourir à de fortes doses en cas d’effet partiel du traitement. On insiste cependant depuis quelques années sur un effet secondaire sous-estimé de ce traitement que sont les troubles du contrôle des impulsions. Les troubles du contrôle des impulsions sont déjà une complication connue des agonistes dopaminergiques chez les patients parkinsoniens. Ils peuvent se manifester par une hypersexualité, des achats compulsifs ou un jeu pathologique. Une étude transversale, multicentrique, réalisée en Turquie et portant sur 308 patients ayant un prolactinome et qui ont reçu un agoniste dopaminergique durant un minimum de 3 mois vient d’être publiée. Les troubles du contrôle des impulsions ainsi que l’impulsivité ont été évalués à partir de questionnaires utilisés chez les patients ayant une maladie de Parkinson (questionnaire for impulsive-compulsive disorders in Parkinson disease) et par l’échelle d’impulsivité de Barratt. La prévalence d’un trouble de contrôle des impulsions, quel qu’il soit, était de 17 %. L’hypersexualité était le trouble le plus fréquent (6.5 %). Les troubles du contrôle des impulsions et l’hypersexualité étaient plus fréquents chez les hommes (p = 0.009 et p < 0.001) alors que les compulsions alimentaires étaient plus fréquentes chez les femmes (p = 0.046). Chez les patients développant un trouble du contrôle des impulsions quel qu’il soit, un tabagisme ou une prise d’alcool et un goût préalable pour les jeux d’argent étaient plus fréquents. En termes d’échelle d’impulsivité de Barratt, les scores totaux d’attention moteur étaient supérieurs quel que soit le trouble du contrôle des impulsions. La consommation de tabac et d’alcool était plus fréquente et l’augmentation des taux de testostérone était supérieure chez les hommes ayant un prolactinome et développant une hypersexualité. Un trouble du contrôle des impulsions peut donc être observé chez un patient sur six présentant un prolactinome et recevant un traitement par agoniste dopaminergique. Il faut donc connaître cet effet secondaire, en particulier chez les hommes qui dans le passé s’adonnaient aux jeux, qui fument ou qui prennent de l’alcool.

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