La testostérone pourrait prévenir le diabète de type 2 des hommes en surpoids

29/12/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les hommes en surpoids ou obèses ont fréquemment des concentrations basses de testostérone, associées à une augmentation du risque de diabète de type 2. Dans le cadre d’une étude randomisée en double insu versus placebo, d’une durée de 2 ans, l’étude T4DM, une équipe australienne a voulu déterminer si un traitement par testostérone permettait de prévenir la progression, voire inversait l’apparition d’un diabète de type 2 et cela au-delà des effets d’un programme portant sur le style de vie.

L’étude a été menée dans 6 centres spécialisés australiens. Les hommes, âgés de 50 à 74 ans, ayant un tour de taille ≥ 95 cm, une testostérone ≤ 14 nmol/l, sans hypogonadisme pathologique et une intolérance au glucose ou un diabète de type 2 récemment diagnostiqué, ont été inclus dans un programme de style de vie et assignés de manière randomisée à recevoir soit une injection intramusculaire de testostérone 1000 mg au début de l’étude puis après 6 semaines et ensuite tous les 3 mois pendant 2 ans, soit du placebo. Entre février 2013 et février 2017, sur 19 000 hommes pré-screenés, 1007 ont été assignés de manière randomisée soit au placebo (n = 503), soit à la testostérone (n = 504). A 2 ans, une glycémie ≥ 11.1 mmol/l au cours de l’HGPO a été rapportée chez 87 (21 %) des 413 participants (dont les données étaient disponibles) dans le groupe placebo et chez 55 (12 %) des 443 participants du groupe testostérone, donnant un risque relatif de 0.59 (IC 95 % = 0.43 à 0.80, p = 0.0007). Le changement moyen à partir de la glycémie basale post-charge (2 heures après glucose) était de -0.95 mmol/l ± 2.78 mmol/l dans le groupe placebo et de 1.70 mmol/l ± 2.47 mmol/l dans le groupe testostérone, donnant une différence moyenne de -0.75 mmol/l (-1.10 à -0.40 ; p < 0.0001). L’effet du traitement était indépendant de la testostérone basale. Une hématocrite > 54 % a été observée chez 6 (1 %) des 484 participants du groupe placebo et chez 106 (22 %) des 491 participants du groupe testostérone et une augmentation du PSA a été observée chez 19 % des 468 participants du groupe placebo et 23 % des 480 participants du groupe testostérone. Des effets secondaires graves sont survenus chez 37 des 503 patients du groupe placebo (7.4 %) et chez 55 (10.9 %) des 504 patients du groupe testostérone. En conclusion, le traitement par testostérone pendant 2 ans réduit la proportion des participants ayant un diabète de type 2 au-delà des effets d’un programme portant sur le style de vie. Les augmentations de l’hématocrite sous testostérone pourraient constituer une limite à ce traitement. Des questions sur la tolérance à long terme et les effets cardiovasculaires de cette intervention restent à déterminer.

"Un motif, une consultation" : approuvez-vous cette pratique ?

Blue Gyn

Blue Gyn

Oui

C'est mieux quand le patient sait pourquoi il vient, qu'il annonce la couleur et qu'on peut donc préparer le créneau horaire et l... Lire plus

5 débatteurs en ligne5 en ligne
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Podcast Histoire
Médecin militaire, pilote d’hélicoptère, parachutiste… La vie "extraordinaire" du général Valérie André
04/04/2025
0
Déserts médicaux
"Médecin généraliste, j'ai ouvert un cabinet secondaire dans un désert… et ça n'a pas duré"
06/05/2025
14
Histoire
Autopsie d'Hitler : la contre-enquête d'un médecin légiste français
30/04/2025
1
PASS/LAS
Externes, internes : les étudiants en médecine rapportent des centaines de milliers d'euros à l’État
20/01/2022
1
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2
Vidéo Démographie médicale
Egora décrypte la proposition de loi Garot
11/04/2025
0