Grippe aviaire : il faut renforcer la surveillance et la prévention, plaide le Covars

13/06/2023 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Le Covars recommande la vaccination contre la grippe saisonnière des personnels en contact avec des oiseaux, pour éviter le risque de réassortiment génétique favorisant le passage de la grippe aviaire à l’homme.

  Il existe actuellement une augmentation du risque de multiplication de foyers de grippe aviaire liés au virus hautement pathogène H5N1, et de transmissibilité aux mammifères et à l’homme, même si, pour le moment, aucun cas de transmission interhumaine n’a été identifié. Dans ce contexte, le Comité de Veille et d’Anticipation des risques Sanitaires (Covars) publie un avis dans lequel il recommande de renforcer la surveillance, la prévention, et la recherche. "Il ne s'agit pas de crier au loup, nous ne disons pas qu'il y a un risque de pandémie pour demain", a souligné la Pre Brigitte Autran, immunologiste, présidente du Covars, qui s’est autosaisi sur cette question. "La grippe aviaire n’est pas un problème de santé mondiale en termes de fréquence", a rappelé le Pr Denis Malvy, infectiologue, (CHU de Bordeaux). En effet, entre 2003 et 2022, 873 cas humains ont été comptabilisés. Cependant, sa mortalité est élevée (438 décès). En outre, ce virus a été à l’origine d’une crise sanitaire majeure sur le plan vétérinaire, ces deux dernières années, avec l’abattage de 21 millions de volailles en France, a rappelé la Pre Autran. La situation semblait s’être un peu calmée début 2023. Mais de nouveaux foyers sont apparus en France, surtout dans le sud-ouest. Et, de façon plus générale, "plusieurs observations renforcent le risque pour la santé humaine", souligne Thierry Lefrançois, co-pilote de l’avis, vétérinaire One Health. Ainsi, il existe actuellement une circulation continue du virus, avec absence de saisonnalité, et une diversification des espèces sauvages touchées. "Ces virus H5N1 sont en train de s’endémiser dans la faune qui se trouve en France. Cela augmente la capacité de transmission dans des contacts oiseaux à oiseaux et cela permet de maintenir un niveau de risque plus élevé que jusqu’à présent", confirme le Pr Bruno Lina, virologue, (CHU de Lyon) co-pilote de l’avis. "On observe cette situation depuis deux ans maintenant. Le fait que ce virus devienne endémique et que les oiseaux se contaminent ne présage pas a priori d’un risque très élevé de transmission à des mammifères ou à l’Homme mais statistiquement, plus vous avez d’épisodes de contamination vers les oiseaux, plus vous risquez d’avoir d’autres mammifères, dont l’Homme, qui peuvent être contaminés". Seuls trois cas ont été rapportés chez des mammifères en France : un ours dans un parc zoologique, un chat dans un élevage d’oiseaux et un renard : tous infectés par contact avec des oiseaux. Mais, en Espagne, plusieurs visons d’un même élevage ont été touchés. Les experts du Covars recommandent donc diverses mesures concernant à la fois les animaux et les personnes qui sont en contact avec eux. Il s’agit ainsi, sur le plan vétérinaire, de mener une stratégie de vaccination des volailles avec un vaccin marqué pour pouvoir différencier les animaux vaccinés des autres. Une campagne devrait débuter à l’automne prochain. Elle doit être associée à des mesures de mise à l’abris des animaux touchés, voire d’abattage, et de renforcement des moyens de surveillance animale. Le Covars préconise aussi la vaccination contre la grippe saisonnière de l’ensemble des personnels en contact avec des oiseaux ou des volailles. L’objectif est "d’empêcher les échanges génétiques entre les virus humains et les virus aviaires qui pourraient faciliter la transmission d’un virus aviaire à l’homme par l’acquisition d’un certain nombre de caractéristiques des virus humains : c’est ce qu’on appelle le réassortiment génétique, explique le Pr Lina. Lorsqu’on est vacciné, on est moins à risque d’assurer cette transmission". Il faut aussi développer des antiviraux, des vaccins pandémiques, et renforcer la surveillance du virus et de ses mutations éventuelles, ainsi que la recherche.

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Pierre Nevians

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A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

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