Foie gras de l’adolescent : 8 semaines de régime pauvre en sucre suffisent à améliorer l’état du foie

05/02/2019 Par Pr Philippe Chanson
Nutrition

Entre 1988 et 2010, la prévalence de la stéatose hépatique non alcoolique (NASH), communément appelée maladie du foie gras, a augmenté chez les enfants aux Etats-Unis pour devenir la pathologie hépatique la plus fréquente. La NASH est, en pédiatrie, plus fréquente chez les garçons que chez les filles et chez les hispaniques en comparaison des autres ethnies. Il n’y a pas de traitement pharmacologique de la NASH chez l’enfant et les recommandations pédiatriques sont plutôt de modifier le style de vie et d’améliorer le régime sans qu’il y ait réellement d’argument pour affirmer que cela fasse quelque chose.

Parmi les différentes options diététiques, la limitation de la prise de sucres libres est un objectif relativement simple, en partie parce que le sucre n’est pas un aliment nécessaire. Comme les données fondamentales et épidémiologiques suggèrent que le sucre contenu dans l’alimentation participe au développement de la NASH, il a paru intéressant à une équipe américaine de déterminer les effets d’un régime faible en sucres libres (c’est-à-dire sans sucre ajouté aux aliments ou aux boissons ou trouvé de manière naturelle dans les jus de fruits) et cela chez des adolescents ayant une NASH. L’étude, randomisée, ouverte, a duré 8 semaines et porté sur des adolescents ayant une NASH confirmée sur le plan histologique avec des éléments en faveur d’une maladie active (stéatose hépatique > 10 % et ALAT ≥ 45 U/l). Les adolescents ont été randomisés en 2 groupes. Dans le groupe du « régime faible en sucres libres » (n=20), une planification des menus individualisés avec la fourniture de repas pour l’ensemble de la famille avait pour objectif de restreindre la prise de sucres libres à moins de 3 % des calories quotidiennes pendant 8 semaines. Des appels téléphoniques 2 fois par semaine permettaient de vérifier l’adhésion au régime. Les participants du « régime habituel » (n=20) prenaient leurs repas comme d’habitude. L’âge moyen était de 13±1.9 ans et la plupart étaient hispaniques. Tous ont fini l’étude. La réduction moyenne de la stéatose hépatique entre la valeur basale et la 8ème semaine, estimée par mesure de la fraction de graisses en IRM par densité de protons, était significativement supérieure dans le groupe « régime pauvre en sucres » (qui passe de 25 à 17 %) en comparaison du groupe régime habituel (qui passe de 21 à 20 %). La différence de moyenne ajustée à la 8ème semaine entre les deux groupes était de -6.23 % (IC 95 % = -9.45 % à -3.02 %, p < 0.001). Parmi les dix critères secondaires pré-spécifiés, 7 ne variaient pas et 5 variaient de manière statistiquement significative, dont les taux d’ALAT et l’adhérence au régime. La diminution moyenne des ALAT entre la valeur de base et la 8ème semaine était significativement supérieure dans le groupe « intervention », passant de 103 U/l à 61 U/l en comparaison du groupe « habituel » (passant 82 à 75 U/l) et le rapport des moyennes à la 8ème semaine était de 0.65 U/l. L’adhérence au régime était élevée dans le groupe régime faiblement sucré (18 des 20 ont rapporté une prise calorique < 30 % sous forme de sucres libres). Il n’y a pas eu d’effet secondaire. Dans cette étude portant sur des adolescents ayant une NASH, 8 semaines de régime faible en sucre, comparé à un régime habituel, améliore la stéatose hépatique. Il convient, bien sûr, d’avoir des résultats à plus long terme et des données cliniques.

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