Des recommandations américaines sur le traitement par testostérone chez l’homme adulte sans pathologie organique

05/02/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

Le traitement par la testostérone est de plus en plus prescrit chez les hommes adultes aux Etats-Unis depuis 20 ans. Le dernier numéro de Annals of Internal Medicine publie une revue exhaustive de la littérature sur le sujet et l’American College of Physicians (ACP) propose des recommandations. Afin d’évaluer les bénéfices et les dangers du traitement par testostérone chez des hommes n’ayant pas de cause organique sous-jacente d’hypogonadisme, la littérature a été revue par une équipe américaine dans plusieurs bases de données d’articles publiés entre 1980 et mai 2019. Trente-huit essais randomisés et contrôlés d’au moins 6 mois ayant évalué le traitement par testostérone transdermique ou intramusculaire en comparaison du placebo ou de l’absence de traitement ont été analysés ainsi que 20 études d’observation à long terme. Les études ont enrôlé, pour la plupart, des hommes âgés dont l’âge, les symptômes et les critères d’éligibilité à la testostérone étaient très variables. Le traitement par testostérone améliore la fonction sexuelle et la qualité de vie chez les hommes ayant des taux de testostérone bas, même si la taille des effets est faible (niveau de preuve faible à modéré). Le traitement par testostérone a peu ou pas d’effets sur la fonction physique, sur les symptômes dépressifs, l’énergie, la vitalité ou la cognition. Les preuves des risques liés au traitement ont été jugées insuffisantes ou faibles pour la plupart des complications. Aucune n’avait la puissance nécessaire pour évaluer les événements cardiovasculaires ou le cancer de la prostate et les essais excluaient souvent les hommes à risque pour ces pathologies. Les études d’observation sont limitées par la confusion en fonction des indications et des contre-indications. De plus, peu d’études ont dépassé plus d’un an de suivi et peu de données sont disponibles pour les hommes âgés de 18 à 50 ans. En conclusion, chez les hommes âgés qui ont des concentrations basses de testostérone et qui n’ont pas de pathologie médicale organique sous-jacente responsable d’hypogonadisme, le traitement par testostérone peut améliorer un peu la fonction sexuelle et la qualité de vie mais n’a pas ou peu d’effets sur les autres symptômes fréquents du vieillissement. On ne connaît pas l’efficacité et la sécurité à long terme. Les recommandations de l’ACP sont donc les suivantes : - Recommandation 1a : l’ACP suggère aux cliniciens de discuter de l’initiation du traitement par testostérone chez les hommes ayant des taux bas de testostérone et une dysfonction sexuelle et qui veulent améliorer leur fonction sexuelle (recommandation conditionnelle, faible niveau de preuve). La discussion doit porter sur les bénéfices potentiels, les risques, le coût et les préférences du patient. - Recommandation 1b : l’ACP suggère aux cliniciens de réévaluer les symptômes dans les 12 mois puis de manière périodique. Les cliniciens doivent interrompre le traitement par testostérone chez les hommes qui ont des taux bas de testostérone en rapport avec l’âge et une dysfonction sexuelle chez qui il n’y a pas été observé d’amélioration de la fonction sexuelle (recommandation conditionnelle, faible niveau de preuve). - Recommandation 1c : l’ACP suggère aux cliniciens de privilégier le traitement intramusculaire plutôt que le traitement transdermique lorsqu’ils mettent en route le traitement par testostérone afin d’améliorer la fonction sexuelle chez les hommes ayant des concentrations basses de testostérone car les coûts sont très inférieurs pour la formulation intramusculaire et que l’efficacité clinique et les risques sont les mêmes. - Recommandation 2 : l’ACP suggère que les cliniciens ne mettent pas en route un traitement par testostérone chez les hommes ayant des concentrations basses de testostérone en rapport avec l’âge dans l’objectif d’améliorer l’énergie, la vitalité, la fonction sexuelle ou la cognition (recommandation conditionnelle, faible niveau de preuve).

SAS : accepterez-vous de partager votre agenda ?

Avocat  Du Diable

Avocat Du Diable

Oui

C'est absolument formidable , quand je me repose sur un transat, avec dans mon verre une orange fraichement pressée, en compagn... Lire plus

0 commentaire
3 débatteurs en ligne3 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

"En 10 secondes le diagnostic est fait" : l'échographie par les généralistes, une solution pour faciliter l...
21/02/2024
42
Portrait
"Je suis loin d’avoir lavé mon honneur mais j’ai rétabli l’histoire" : les confidences d’Agnès Buzyn, ministre...
22/12/2023
36
"Se poser dans une bulle, ça fait du bien" : en immersion dans cette unité cachée qui soigne les soignants...
05/01/2024
15
Santé publique
Ce qui se cache derrière la hausse inquiétante de l'infertilité
13/03/2024
17
"Ils ont une peur primaire de la psychiatrie" : pourquoi les étudiants en médecine délaissent cette spécialité
27/02/2024
28
Podcast
"C'est assez intense" : reportage dans un centre de formation des assistants médicaux
01/03/2024
9