"Coup de pied", "insultes", "humiliation" : des internes victimes de harcèlement au CHU de Poitiers

18/05/2021 Par Louise Claereboudt
Des dizaines d’internes du service de gynécologie du CHU de Poitiers (Vienne) ont alerté l’Agence régionale de Santé (ARS) se disant victimes de harcèlement de la part de l'équipe pédagogique.
 

“Chaque semestre, un interne à des propos suicidaires”, a déploré l’un des internes du service de gynécologie du CHU de Poitiers ayant alerté l’Agence régionale de santé (ARS). Les journalistes de l’émission “L'Oeil du 20 heures” ont enquêté sur l’omerta qui règne dans l’établissement. “Un professeur m’a insultée de salope au bloc opératoire”, témoigne par exemple une étudiante. “Ce sont des praticiens qui humilient. Il y a des pleurs presque toutes les semaines, l’arrivée la boule au ventre le matin au travail. L’ancien chef de service continue d’avoir des internes au bloc opératoire et continue à en humilier certains. Ces praticiens-là arrivent à reprocher aux internes d’avoir parlé en leur disant que ce sont des enfants pourris gâtés, qu’ils n’ont plus rien à leur apprendre. Finalement, les internes se demandent si le fait de témoigner a été une bonne chose”, assure un interne d’un autre service de l’hôpital.

Selon la chaîne télévisée, cette situation durerait depuis plusieurs années. Interne dans le service 2013 à 2016, Candice Chatel, désormais installée à Nice, dénonce l’enfer qu’elle et ses camarades ont vécu : “On fait des réunions médicales où on parle des dossiers compliqués. Entre internes, on surnommait ces réunions 'les procès'. Il y avait des cris, des dossiers jetés sur les tables, des humiliations pour les chefs de clinique. J’ai vu un des externes se prendre un coup de pied dans l’épaule par un des chefs. Il était assis, le chef était debout, il lui a mis un coup de pied dans l’épaule et lui demandait de répondre à sa question.” En 2017, les étudiants du service de gynécologie avaient d’ailleurs déjà...

alerté la direction et une inspection en interne avait été menée. Après avoir reçu récemment des dizaines de témoignages, l’ARS a lancé une mission d’inspection et mené des dizaines d’auditions, explique francetvinfo. Au cours de son inspection, l’autorité conclut à un “risque grave et imminent” pour les internes. “L'Œil du 20 heures” révèle qu’elle “préconise la suspension des fonctions de chef de pôle et chef de service des praticiens visés ainsi que la suspension de l’agrément pour le prochain semestre, ce qui signifie l’arrêt des stages d’internat”.

  L’Ordre des médecins saisi Si la direction du CHU a indiqué avoir suspendu les fonctions de chef des médecins visés, nos confrères de France Télévisions affirment que l’un d’eux encadre toujours les internes. Par ailleurs, les stages d'internat vont se poursuivre “malgré les avertissements de l’ARS”, informe la chaîne. Il faut faire plus, réclame de son côté le président du bureau des internes de Poitiers qui craint un suicide d’un étudiant. “Tous les matins, on a peur de ça. On se dit, pourvu qu’il y n'y ait pas une personne qui se supprime.” Selon les informations de France Télévisions, l’ARS a transmis les témoignages des internes du service de gynécologie au procureur de la République. L’Ordre des médecins a par ailleurs été saisi “pour statuer sur les potentiels manquements à la déontologie”.   [avec francetvinfo]

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A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

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