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Le monde magique de Guillaume Garot

Après le vote, mercredi à l'Assemblée nationale, de la régulation de l'installation des médecins, le Dr Michaël Rochoy, généraliste à Outreau, nous livre son point de vue.

04/04/2025 Par Dr Michaël Rochoy
Déserts médicaux
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"Nous sommes actuellement dans la pire période de pénurie de médecins généralistes (rapportée à la population et aux besoins) de ce siècle. Et c'est dans ce contexte que l’Assemblée nationale a voté une loi, le 2 avril, pour interdire à certains médecins généralistes de s’installer.

Taisons le fait que cette loi remplace tout ce que les députés pourraient faire mais ne font pas : améliorer la qualité de l’air, remplacer les arrêts de travail courts et certificats enfant malade par des auto-attestations, définir une liste limitative de certificats licites et interdire les autres… Toutes ces mesures qui feraient gagner bien plus de temps.

Eliminons le fait que cela plafonne le nombre de médecins dans des communes dites non sous-dotées, qui ont la plus grande progression de population (+ 2,4% par an, versus 0,8% ailleurs). Jetons un voile pudique sur le soutien de François Bayrou, qui engage ainsi tardivement le Gouvernement et son ministre de la Santé, qui y était préalablement opposé.

Faisons abstraction de l’opposition des internes, mais aussi des médecins (installés, non impactés), de l’Association des maires de France, des maires ruraux et des présidents de départements.

Supprimons de l’équation le fait qu’au pire de la pénurie, moins de 500 médecins généralistes seront concernés par an, comme nous l’avons calculé ici — chiffre repris par Guillaume Garot qui, manifestement, n’avait jamais pris la peine, en trois ans, de mesurer le nombre (ridicule) de concernés face aux dégâts collatéraux prévisibles.

A Narnia ou à Poudlard, on voit bien comment la régulation pourrait être utile

Laissons de côté la possibilité pour les généralistes de s’orienter vers la médecine hospitalière, salariée, scolaire, les boîtes de téléconsultation, la PMI, médecin-conseil…

Gardons-nous également de critiquer la faible réactivité des ARS, qui tiennent à disposition des cartes datées ne reflétant pas l’exercice libéral en équivalent temps plein.

Eh bien, une fois la réalité mise de côté, dans le monde magique de Guillaume Garot et des députés qui l’ont saluée (mention spéciale à Hadrien Clouet qui vient de plafonner le nombre de médecins dans sa circonscription à Toulouse en s’y plaignant du manque de médecins !), cette loi est sans doute pertinente. A Narnia, en Terre du milieu ou à Poudlard, on voit bien comment elle pourrait être utile. 

Bien sûr, en France, ça revient à se tirer une balle dans le pied, en diminuant encore le nombre d’installations… Mais ça, comme le reste, ignorons-le. Le train arrive voie 9 ¾, ne le ratons pas."

 
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