
Enseignants en médecine et en pharmacie, ils refusent de former à "l'aide à mourir" : "Ce n'est pas notre rôle"
Des professeurs de médecine et de pharmacie s'interrogent, dans une tribune, sur le sens de leur travail et la manière dont ils devraient réagir si la proposition de loi sur la fin de vie était adoptée. "Devrons-nous donner des cours sur la meilleure manière de provoquer la mort", lancent les signataires.

L'examen de la proposition de loi sur la fin de vie, portée par le député Olivier Falorni, doit débuter à l'Assemblée nationale le 12 mai. Mais ce texte, qui prévoit d'ouvrir la voie à une aide à mourir en France, "inquiète beaucoup de soignants et particulièrement les médecins et les pharmaciens", écrivent quatre professeurs de médecine et de pharmacie de Rouen, Dijon et Paris dans une tribune, diffusée sur le réseau social LinkedIn. Également publié sur Hospimedia, le texte a, depuis, réuni une quarantaine de signatures de PU-PH.
Les termes de cette proposition de loi ne sont "pas compatible[s]" avec ceux du serment d'Hippocrate", estiment les quatre premiers signataires, les Prs Luc-Marie Joly, Olivier Boyer, François Girodon et Enrique Casalino.
Pour les médecins, "l'espace" entre l'obligation de ne pas par prolonger "abusivement les agonies" et celle de ne pas donner "la mort délibérément" est "ténu", reconnaissent les PH-PH. "Mais c'est là que doit se situer la médecine avec plusieurs règles : prendre en charge la douleur au maximum des possibilités de l'arsenal thérapeutique ; dire la vérité au patient, mais de façon adaptée à son état et s'il le faut, progressivement ; ne pas abolir tout espoir pour le patient tant que celui-ci a besoin d'en garder."
Le serment de Galien auquel sont soumis les pharmaciens "prévoit de la même manière qu''en aucun cas [le professionnel] ne consentir[a] à utiliser [ses] connaissances et [son] état pour […] favoriser des actes criminels", avancent les signataires de la tribune.
Ils poursuivent : "Notre mission est d'enseigner aux étudiants, non seulement les bases théoriques et scientifiques de la médecine, mais aussi de la pratique, le savoir-être du médecin et sa place, le travail en collaboration avec les autres soignants, la réflexion éthique". Or, si la proposition de loi sur la fin de vie vient à être adoptée et légalise une aide à mourir, "devrons-nous donner des cours sur la meilleure manière de provoquer la mort ? Devrons-nous apprendre aux étudiants les drogues à utiliser avec les doses et les modalités d'administration ? […] Devrons-nous organiser des examens pour vérifier les connaissances des étudiants dans ce domaine ?", s'interrogent les quatre PU-PH.
"Il ne nous apparaît pas que cela soit le rôle des enseignants et praticiens de médecine ou de pharmacie", concluent-ils. "Le rôle des professeurs de médecine et de pharmacie est d'enseigner le soin aux malades, pas d'apprendre à donner la mort." "Nous devons en revanche continuer à enseigner la prévention du suicide, ce qui pourrait devenir impossible si le 'délit d'entrave à l'aide à mourir', prévu dans la proposition de loi […], était voté", insistent les signataires.
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