Orateur à un congrès de gynécologie alors qu'il est accusé de viols : la présence du Pr Daraï crée la polémique

09/05/2022 Par Pauline Machard
Déontologie
Des voix s’élèvent contre la présence du Pr Emile Daraï parmi les orateurs du congrès Pari(s) Santé Femmes, organisé à l'initiative du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), qui se déroulera du 11 au 13 mai prochain. Le 3 janvier dernier, une information judiciaire a en effet été ouverte à l’encontre de celui-ci pour “violences par personne chargée d’une mission de service public”.

  Alors que le congrès Pari(s) Santé Femmes - qui fédère des sociétés savantes qui oeuvrent pour la santé des femmes - doit se tenir à Paris du 11 au 13 mai, l’un des orateurs prévus n’est pas passé inaperçu : le Pr Emile Daraï, gynécologue spécialiste de l’endométriose à l’hôpital Tenon à Paris. Et pour cause : le médecin est visé par plusieurs plaintes de patientes pour viol. En janvier, une enquête judiciaire a été ouverte à son encontre pour “violences par personne chargée d’une mission de service public”. Et en octobre dernier déjà, le praticien avait été mis en retrait de ses responsabilités de chef de service et de responsable pédagogique, mais depuis, il continue d’exercer. La présence du Pr Daraï sur le programme est dénoncée notamment par le collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques, qui parle de “colloque de la honte”, et rappelle les “25 plaintes au pénal” visant le gynécologue français.  

  Le CNGOF met en avant la présomption d’innocence Pour justifier la présence du Professeur, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français, qui se dit “conscient de l’émoi suscité par la présence du Pr Emile Daraï”, a tenu à rappeler par voie de communiqué : “1 - que le Pr E. Daraï n’a pas, à ce jour, été condamné par la justice française et que la présomption d’innocence est un principe fort de notre pays. 2- que si le Pr E. Daraï a été démis de ses fonctions de chef de service, il est autorisé à travailler par la justice française et par ses employeurs, l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (HP-HP) et Sorbonne Université, 3 - que le Pr E. Daraï, spécialiste reconnu de Gynécologie, continue à publier et à être invité dans les congrès internationaux”.

En réaction, le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE), a écrit une lettre ouverte à l’intention des organisateurs de Paris Santé Femmes 2022. Si le Collectif respecte la présomption d’innocence, il écrit qu’il ne peut “pas cautionner le choix de maintenir M. Daraï comme orateur”. Se basant sur le rapport de la commission d’enquête de l’AP-HP et de Sorbonne Université [commission à laquelle a participé la vice-présidente du CNGOF, Alexandra Benacchi, rappelle-t-il], qui conclut que “la commission estime que l’obligation d’information de ces patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés n’ont pas été respectées”. “Nous avons tendance à penser que les congrès professionnels doivent mettre en avant des soignants experts dans leur spécialité, certes, mais qui soient aussi parfaitement respectueux dans les relations qu’ils entretiennent avec leurs patient(e)s. Aussi, vu de l’extérieur, votre choix d’un orateur dont les pratiques ont été désavouées par une commission où siégeait un des dirigeants du CNGOF, est un paradoxe pour le moins difficile à appréhender. Ce choix interroge la cohérence de votre programme et donne le sentiment que vous donnez le primat à la légitimité technique sur la légitimité relationnelle. Alors même que pour le grand public, l’une ne peut aller sans l’autre”, écrit le Collectif.  

 

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