300 médecins salariés par le Centre-Val de Loire : un rapport démonte le modèle

14/03/2023 Par Pauline Machard
Démographie médicale
Incertitudes juridiques, manque de transparence sur l’implantation, modèle économique bancal, attractivité incertaine… Les Sages émettent de nombreuses critiques quant à la stratégie de la Région d’embaucher 300 médecins dans ses centres régionaux de santé d’ici 2028.  

 

"Ce modèle n’a pas démontré sa plus-value", écrit la chambre régionale des comptes du Centre de Val-de-Loire, qui vient de publier un rapport sévère sur la stratégie de la Région consistant à embaucher 300 médecins d’ici 2028 dans ses centres régionaux de santé, rapporte France Bleu, qui en pointe les principaux enseignements.  

Le rapport met en avant le déséquilibre financier du modèle. Il était prévu que l’équilibre soit atteint en trois ans, or le modèle a été conçu "sur des hypothèses de recrutement de médecins et d’activité surévalués". La “taille des centres est plus réduite que prévu, ils n’ont pas la taille critique suffisante pour bénéficier d’économies d’échelle", notent les Sages. Le modèle économique se basait sur 1 000 patients par médecin traitant, or la tendance actuelle est de 600 par médecin généraliste.  

Le rapport pointe aussi des "incertitudes juridiques" : pour embaucher, la Région a créé en juin 2020 un groupe d’intérêt public (GIP) Pro santé. Or la loi 3DS limite la capacité de création et de gestion des centres de santé aux communes, à leurs groupements et aux départements, excluant les régions, ce qui pourrait fragiliser ce GIP, relate le média.  

Il est également reproché un manque de transparence sur les critères d’implantation des centres. Les Sages s’interrogent notamment sur le choix d’en avoir créé un à Tours, qui n’est pas la plus sous-dotée en médecins. La Région pécherait aussi par manque de réalisme, alors que seuls 40 médecins ont été recrutés à ce jour et 12 centres régionaux créés. En outre, le rapport souligne que jusqu’à présent, plus de 80% des médecins recrutés par le GIP Pro santé exerçaient avant dans l’un des départements de la Région en libéral, ce qui "témoigne des limites de l’action du GIP visant à attirer des praticiens en dehors".   

Pour le président de la Région, François Bonneau, cité par France Bleu, "cette politique est indispensable, quoi qu’il en coûte".  

[Avec France Bleu

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