Risque terroriste : l'Ordre rappelle les limites intangibles de la coopération médicale

24/08/2017 Par Catherine le Borgne
Déontologie

Après que le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, a évoqué une éventuelle coopération entre les autorités policières et les services psychiatriques pour lutter contre la radicalisation, l’Ordre national des médecins rappelle dans un communiqué la conduite à tenir relativement au risque terroriste et au secret professionnel du médecin. Des positions arrêtées depuis plusieurs mois. Pour leur part, les psychiatres hospitaliers dénoncent un "amalgame" choquant entre terrorisme et maladie mentale.

D’abord, l’Ordre des médecins rappelle la nécessité absolue de préserver les principes fondamentaux de l’exercice professionnel, en particulier celui du secret médical. Le code de déontologie est très clair, rappelle-t-il  : la confidentialité entre le médecin et le patient est absolue. C’est un principe essentiel dans la relation de confiance qui lie les professionnels à leurs malades. Toutefois, dans certaines circonstances exceptionnelles, la loi permet aux médecins de passer outre au secret médical en cas de danger probable. C’est pourquoi l’Ordre préconise la pleine application des textes en vigueur, et en particulier ceux du code pénal qui s’adressent à tout citoyen, plutôt que de créer de nouvelles dérogations au sujet desquelles on ne peut mesurer les possibles dérives ultérieures, estime l'institution. Enfin, dans un régime de libertés, la coopération des médecins ne peut se faire qu’avec les autorités de justice. Il en va du respect des principes fondamentaux de notre République. Sur ces bases, l’Ordre des médecins se tient prêt à dialoguer avec les autorités de l’Etat afin de garantir, aux médecins et aux patients, le respect du contrat déontologique qui les lie, souligne-t-il. Interrogée par Hospimedia, la présidente de l'INPH, la psychiatre Rachel Bocher, a regretté des propos ministériels qui font "frémir" et "entretiennent la confusion entre terrorisme et maladie mentale" (…) "police et psychiatrie n'ont jamais fait bon ménage, cela renvoie à certains régimes politiques" du passé, ajoute-t-elle, avant de regretter l'assimilation maladies mentales et esprits faibles, "c'est faire preuve d'une méconnaissance totale de la souffrance psychique, [...] c'est affligeant de la part d'un ministre de la République", confie-t-elle, "atterrée". Le président du Syndicat des psychiatres d'exercice public (Spep), Michel Triantafyllou, se déclare également atterré des déclarations du ministre. "C'est quand même ahurissant qu'encore une fois on mélange les troubles psychiques, les malades mentaux avec les problématiques liées au terrorisme", déplore-t-il, même si ce sont "des problématiques qui préoccupent tous les citoyens, de manière légitime". Rien n'empêche des réflexions des différents professionnels sur l'existence d'une psychopathologie de la radicalité, mais "de manière sérieuse, sereine, concertée". Il ne faut alors en aucun cas aborder ces questions "dans l'urgence, avec des amalgames totalement impensables, inacceptables" et demander aux psychiatres "d'opérer des prédictions" sur les passages à l'acte. De même, le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) appelle à son tour dans un communiqué "les ministres à la prudence dans leurs annonces porteuses de risque d'amalgames". [Avec hospimedia.fr]  

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