Plus de 121 000 faux pass sanitaires générés : les "geeks" qui ont piraté les comptes de 35 médecins condamnés

08/02/2024 Par Mathilde Gendron
Faits divers / Justice
Le tribunal de Paris a condamné, ce mardi 6 février, à des peines de prison et à des amendes treize personnes âgées de 21 à 34 ans, à l’origine d’un marché de plus de 121 000 faux pass sanitaires. Pour ce faire, ils avaient piraté les comptes de 35 médecins.

 

Ce mardi 6 février, le tribunal de Paris a condamné treize personnes âgées de 21 à 34 ans à des peines d’emprisonnement allant de 6 mois à 2 ans et à des amendes de 8 000 à 50 000 euros. C’est une “bande” de “geeks” qui a “profité des failles techniques du système” pour réaliser des “profits crapuleux”, a résumé la présidente du tribunal. Les prévenus ont en effet piraté les comptes de 35 professionnels de santé pour générer “plus de 121 000” faux pass sanitaires pour des “profits estimés” à 22 millions d’euros, a-t-elle poursuivi. 

Les suspects, qui ont comparu en novembre dernier, sont jugés pour “blanchiment en bande organisée pour la production et la revente de faux pass”, notamment sur les réseaux sociaux, entre juillet 2021 et janvier 2022. 

 

Usage frauduleux des comptes E-CPS 

C’est un médecin généraliste de Charente-Maritime qui avait sonné l’alerte en septembre 2021. Il avait remarqué un usage frauduleux de son compte E-CPS et avait par la suite déposé plainte. Une infirmière l’avait alerté après avoir vu le faux pass sanitaire d’un pompier, qui se l’était procuré contre la somme de 400 euros.  

Trois mois plus tard, en décembre dernier, un infirmier avait également déposé plainte. Plus de 54 000 pass avaient en effet été créés sous son identifiant, alors qu’il n’avait vacciné personne.  

Après s’être aperçu que 35 praticiens s’étaient fait pirater leur compte, l’Ordre des médecins a également porté plainte. 

 

Mode opératoire 

Les prévenus avaient commencé par acheter un botnet [un groupe de réseau internet utilisé pour mener des activités malveillantes, NDLR]. Leur mode opératoire consistait ensuite à modifier plusieurs comptes de médecins pour pouvoir activer la E-CPS depuis d’autres téléphones. Cette opération leur permettait de générer un faux pass sanitaire depuis ces téléphones. Un manipulation qu’il facturait entre 2 000 à 3 000 euros la semaine.  

L’enquête a permis de révéler qu’en seulement quatre heures, une moyenne de 300 pass pouvaient être générés. 

[Avec AFP] 

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