Usage chronique de benzodiazépines : les patients les plus à risque sont les plus concernés

24/05/2019 Par Marielle Ammouche
Psychiatrie
A l’occasion de la journée scientifique consacrée aux dernières analyses issues de la cohorte Constances, qui s’est tenue le 23 mai à Paris, des chercheurs ont présenté de nouvelles données concernant la consommation de benzodiazépines en France. Et ces résultats sont préoccupants car ils montrent la fréquence importante de l’usage chronique de ce type de traitement, particulièrement chez les sujets de plus de 50 ans.

Les benzodiazépines constituent les médicaments les plus prescrits au monde en raison de leurs effets anxiolytiques. En France, les dernières données de l’ANSM établissent que 13,4% de la population prend au moins une fois dans l’année des benzodiazépines. Cependant, plus que leur consommation épisodique, c’est leur utilisation au long cours qui pose problème, du fait du risque de dépendance et des nombreux effets indésirables. Selon l’ANSM, si, en 2015, la durée du premier épisode de traitement était inférieure ou égale à 28 jours dans environ 76 % des cas et à 12 semaines dans 90 % des cas, ce sont quand même 14 à 15 % des nouveaux utilisateurs de benzodiazépines qui ont une durée de traitement non conforme aux recommandations -  28 jours pour l’insomnie et 3 mois pour les troubles anxieux - dont environ 2 % de plus d’un an.

Dans ce contexte, les chercheurs ont donc voulu préciser la prévalence de la consommation au long cours de benzodiazépines en France. Pour cela, ils se sont basés sur les informations concernant les traitements délivrés en pharmacie chez plus de 9000 participants de la cohorte Constances, inclus en 2015. Il en ressort que les prévalences d’usage chronique de benzodiazépines sont élevées, correspondant pour l’ensemble de la population française à 2,8% des hommes et 3,8% des femmes. Surtout, les données montrent que cet usage au long cours est bien plus fréquent chez les personnes ayant plus de 50 ans, s’élevant à 9,3% des hommes et 12,2% des femmes. L’Inserm souligne que "les sujets les plus vulnérables à leurs effets indésirables sont paradoxalement les plus concernés" par cet usage chronique.   Un lien proportionnel avec l’intensité du stress au travail Une autre étude sur ce sujet s’est attachée à analyser l’association entre consommation chronique de benzodiazépines et stress au travail. Pour cela, les auteurs de ce travail ont étudié plus de 30 000 actifs inclus dans la cohorte Constances entre 2012 et 2014, et n’ayant pas d’antécédent récent d’usage chronique de benzodiazépines. Une échelle, validée internationalement, a permis de mesurer le stress au travail de ces sujets. Les chercheurs ont alors pu mettre en évidence que le stress au travail était associé à un risque accru d’usage chronique de benzodiazépines à 2 ans. En outre, ils ont établi qu’il existait une relation de proportionnalité entre l’intensité du stress au travail et le risque de consommation chronique de ces médicaments, qui était au moins multiplié par 2 chez les sujets les plus stressés.  

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A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

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