TDAH.

Un TDAH diagnostiqué "par excès" aux enfants nés en fin d'année ?

Suivant une cohorte de plus de 4 millions d'enfants âgés de 5 à 10 ans, une étude EPI-Phare* s'est intéressée aux prescriptions de méthylphénidate et de séances d'orthophonie dans le traitement des troubles du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou des troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA). Les résultats démontrent un effet important du mois de naissance.  

20/06/2024 Par Aveline Marques
Neurologie Pédiatrie
TDAH.

Cette étude de cohorte, menée à partir du Système national des données de santé (SNDS), a inclus 4 769 837 enfants âgés de 5 à 10 ans. Au cours de la période de suivi, un traitement par méthylphénidate a été initié chez 0.8% d'entre eux, tandis que 16.5% de ces enfants ont commencé à bénéficier de séances d'orthophonie. 

Les résultats montrent que parmi les enfants d’un même niveau de scolarité, l’initiation de méthylphénidate et d’orthophonie augmentait régulièrement selon le mois de naissance de janvier à décembre. Ainsi, comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février avaient 7% de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9%, ceux de juillet 29%, ceux d’octobre 46% et ceux de décembre 55%. Les mêmes tendances ont été observées concernant les séances d’orthophonie, dont le recours augmentait de 3% chez les enfants nés en février, de 12% chez les natifs d’avril, de 30% chez ceux de juillet, de 49% chez ceux d’octobre et de 64% pour ceux nés en décembre.

 

"Les plus jeunes enfants pourraient être confrontés à des exigences trop élevées"

Les auteurs émettent l'hypothèse que "les plus jeunes enfants d’une classe pourraient être confrontés à des exigences trop élevées particulièrement au cours des premières années d’école" et seraient donc "plus susceptibles d’être diagnostiqués TDAH ou avec des troubles des apprentissages". Parallèlement, "une moindre probabilité ou un retard de prise en charge du TDAH et des troubles spécifiques du langage et des apprentissages chez les enfants les plus âgés de la classe (ayant une plus grande maturité) pourrait aussi expliquer l’effet d’âge relatif observé, particulièrement dans un contexte d’offre de soins limitée en pédopsychiatrie et orthophonie en France". 

Pour les auteurs, "les enseignants, les médecins prescripteurs et les orthophonistes devraient être conscients de la possibilité qu’une immaturité relative liée à l’âge réel (et non par rapport à ses camarades de classe) soit diagnostiquée par excès comme un TDAH ou un trouble spécifique du langage et des apprentissages".

Par ailleurs, pour la prescription de méthylphénidate, l'étude retrouvait, après ajustement, des facteurs de risque rapportés dans la littérature internationale comme le sexe masculin (HRa 3,49) et la prématurité (HRa jusqu’à 3,26 pour l’extrême prématurité).

*Groupement d'intérêt scientifique ANSM-Cnam 

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