"Non, nous ne laissons pas dépérir la psychiatrie", assure Rousseau quelques jours après l’attaque au couteau à Paris

06/12/2023 Par Louise Claereboudt
A l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé a répondu aux critiques du député écologiste Jean-Claude Raux, selon qui le manque de moyens pour la psychiatrie "accroît la violence dans notre société". 

 

"’La mairesse, c’est une bouffonne, c’est une grosse pute. Dès que je sors, je vais la buter’. Ces mots, ce sont ceux adressés hier à Marie-Alexy Lefeuvre, maire de la commune de Saffré, maire de ma commune. Cette nouvelle menace, on ne peut plus explicite contre une élue, aurait pu être évitée. Elle provient d’un jeune homme sous curatelle nécessitant des soins psychiatriques mais plus ou moins livré à lui-même depuis deux ans", a lâché le député écologiste Jean-Claude Raux, le ton grave, lors d’une séance de questions au Gouvernement, ce mardi, à l’Assemblée. 

"Des signalements, il y en a eu, des dépôts de plainte, des passages à l’acte […] Laisser dépérir la psychiatrie, c’est accroître la violence dans notre société. C’est accepter que les élus se retrouvent en première ligne, prennent les coups et risquent même leur peau […] C’est accepter l’emprise des idéologies terroristes sur des jeunes psychologiquement fragiles", a poursuivi l’élu, quelques jours après l’attaque au couteau, qui a fait un mort à Paris. 

Dans un long discours, le député s’est montré sévère envers l’action gouvernementale en matière de santé mentale. Elle "conduit à la fermeture de lits dans les services : 43 à Pau, 28 à Caen, 42 au Mans, 20 à Annecy, 30 à Montauban", a-t-il énuméré. Tirant par ailleurs la sonnette d’alarme vis-à-vis de la pénurie de soignants : "la psychiatrie demeurant à la fin, à la toute fin, des spécialités par les futurs médecins". "Faudra-t-il attaquer l’Etat pour non-assistance à personne en danger pour enfin remettre du soin à la place de la violence ?", a questionné le député. 

 

Le ministre de la Santé, présent dans l’hémicycle, a regretté un "raccourci" fait par le député entre "les actes insoutenables qu[‘il a] décrits et [sa] phrase sur le fait que le Gouvernement laisserait dépérir la psychiatrie". "Aujourd’hui, l’engagement du Gouvernement est total pour que le prochain PLFSS porte encore plus les enjeux de santé mentale", a-t-il déclaré. Ajoutant : "ce que nous devons réinventer, c’est la gradation de la prise en charge, le bon soin avec le bon soignant au bon moment." 

 

 

Non sans agacement, le locataire de l’avenue de Ségur a défendu les actions déjà mises en place. "Nous sommes en train de reconstituer, par les infirmiers en pratique avancée en santé mentale, par les psychologues en pratique avancée, par les psychiatres que nous recrutons, par les secouristes en santé mentale, toute une série de réponses qui n'existaient pas. Alors non, nous ne laissons pas dépérir la psychiatrie." S’il a reconnu que la psychiatrie est l’une des spécialités choisies en dernier par les internes, Aurélien Rousseau a assuré "nous avons pu baisser le nombre de postes pas choisis à l'issue de l'internat, de 16% à 5%". 

Cet échange intervient au lendemain de la mise en avant par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d’un "ratage" dans le suivi psychiatrique de l’auteur de l’attaque au couteau survenue samedi dernier à Paris. Les psychiatres ont fermement dénoncé ses propos, ressentis comme "une attaque grossière contre une profession déjà maltraitée". 

 

[avec AFP] 

 
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