Suspendu pour avoir "instauré un climat professionnel délétère", un chirurgien débouté par le Conseil d’Etat

17/10/2023 Par Marion Jort
Faits divers / Justice
Le juge des référés du Conseil d’État vient de débouter un chirurgien cardiaque du CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne) qui contestait la légalité de sa suspension par l’AP-HP. L’institution avait considéré l’année dernière que le médecin était à l’origine d’un "climat professionnel délétère".  

 

C’est le point final d’une procédure qui dure depuis le 27 juin 2022. Ce jour-là, le directeur général de l’AP-HP et le président de l’Université Paris-Est Créteil prennent la décision de suspendre "à titre conservatoire" un chirurgien cardiaque du CHU Henri-Mondor de Créteil (Val–de-Marne). Dans un communiqué, ils expliquaient que l'atmosphère du service était "perturbée par le climat de suspicion permanente" entretenu "par un chirurgien cardiaque hospitalo-universitaire".  

Par la suite, un audit interne avait appuyé leur position en concluant que le comportement de ce médecin "générait un climat potentiellement néfaste à la sécurité des soins", mettant en avant "la gravité de la situation au regard de l’éthique, de la déontologie et de la confraternité". Le 15 mars dernier, les ministres de l’Enseignement supérieur de la Santé ont, à leur tour, décidé de publier un arrêté pour le suspendre de ses fonctions hospitalières et universitaires avant de saisir l’Ordre des médecins.  

De son côté, le chirurgien a tenté de faire suspendre ces décisions, arguant que ces dernières pouvaient avoir un "impact sur sa situation financière", sa "réputation" ou même "son expertise professionnelle". D’après ses propos, rapportés par ActuParis, il considérait qu’il ne pouvait pas "entretenir ses compétences" et que la décision portait atteinte "à l’intérêt des patients". Se qualifiant de "lanceur d’alerte", il estimait encore être "victime de représailles" de la part de ses pairs.  

Le médecin est également l’auteur de nombreux courriers adressés à la direction de son établissement dans lequel il pointe du doigt des "lacunes managériales" et des "pratiques cliniques non conformes". Selon lui, il y aurait eu à Henri-Mondor des "morts suspectes" parmi les patients, par la faute de "mauvaises pratiques" de ses confrères. D’après ActuParis, il est même allé jusqu’à réaliser une étude sur la mortalité du service de chirurgie cardiaque, en consultant plusieurs centaines de dossiers de patients, "de sa propre initiative".  

Ce 5 octobre, le juge des référés du Conseil d’Etat, qui avait été saisi par le médecin pour faire annuler sa suspension, a rapporté que cette "enquête" avait été réalisée alors qu’il n’avait pas reçu les patients en consultation et qu’il ne les avait pas opérés. Il a par ailleurs écopé d’un "blâme" par le Conseil de l’Ordre pour cette raison. Le Conseil d’Etat a quant à lui décidé de débouter le médecin, qui reste suspendu.  

[avec ActuParis]  

Vignette
 

SAS : accepterez-vous de partager votre agenda ?

Pierre Nevians

Pierre Nevians

Non

A tout problème complexe, il y a une solution simple .... et fausse. Il faut cesser de voir la médecine libérale comme une rustin... Lire plus

0 commentaire
Photo de profil de Magalie Rigaud
713 points
Débatteur Renommé
il y a 9 mois
Depuis le covid, il ne fait pas bon pour les lanceurs d'alerte des hôpitaux ; ils sont très vite rangés dans la case "complotistes" ! La parole du médecin qui, autrefois, n'était que très rarement rem...Lire plus

La sélection de la rédaction

"En 10 secondes le diagnostic est fait" : l'échographie par les généralistes, une solution pour faciliter l...
21/02/2024
42
Portrait
"Je suis loin d’avoir lavé mon honneur mais j’ai rétabli l’histoire" : les confidences d’Agnès Buzyn, ministre...
22/12/2023
36
"Se poser dans une bulle, ça fait du bien" : en immersion dans cette unité cachée qui soigne les soignants...
05/01/2024
15
Santé publique
Ce qui se cache derrière la hausse inquiétante de l'infertilité
13/03/2024
17
"Ils ont une peur primaire de la psychiatrie" : pourquoi les étudiants en médecine délaissent cette spécialité
27/02/2024
28
"C'est assez intense" : reportage dans un centre de formation des assistants médicaux
01/03/2024
9