
Deux pharmaciens interdits d'exercer pour avoir dispensé à l'unité des médicaments en tension
Ces deux pharmaciens, exerçant dans deux officines de Corrèze, ont écopé de six mois d'interdiction d'exercice, dont deux mois ferme, à la suite d'un article de Mediapart relatant leur gestion des médicaments en tension.

"C’est délirant. Au fin fond des territoires, nous sommes seuls pour gérer des injonctions paradoxales liées aux pénuries face à la détresse des patients et nous ne sommes pas soutenus par notre ordre… Au contraire, on se fait taper dessus pour avoir pris une initiative de bon sens", réagit auprès de Médiapart Antoine Prioux, pharmacien titulaire d'une officine à Sornac (Corrèze). A l'instar de sa compagne Eliza Castagné, titulaire d'une officine à Bugeat, ce trentenaire vient d'être lourdement sanctionné par la chambre disciplinaire de l'Ordre des pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine, révèle le site d'investigations. Pour avoir dispensé à l'unité des médicaments en dehors du cadre légal, le couple a été interdit d'exercer durant six mois, dont quatre avec sursis.
A l'origine de cette sanction, dont ils ont décidé de faire appel, un article publié par Mediapart en mars 2024. En pleine pénurie d'antibiotiques, le site s'intéressait à l'organisation mise en place depuis 2019 par ces deux pharmaciens pour prévenir les ruptures de stock de médicaments essentiels. Partant du constat que "les industriels conditionnent les médicaments de telle façon que c’est rare qu’on tombe sur le nombre pile", ce qui "force à la vente d’une deuxième boîte qui est à peine entamée", les pharmaciens ont pris le pli de dispenser le bon nombre de gélules ou de cachets, afin de lutter contre le gaspillage et l'automédication. Le reste de la boite est gardé pour le patient suivant, ce qui permet parfois de dépanner en cas de tensions d'approvisionnement. Les numéros de lot et les dates de péremption sont conservés pour assurer la traçabilité. Les pharmaciens n'y gagnent rien, au contraire, puisqu'ils sont rémunérés à la boite.
Or, si la dispensation à l'unité est autorisée pour les produits stupéfiants et les antibiotiques -et a été mise en place récemment pour la quétiapine -, elle ne l'est pas pour d'autres médicaments essentiels ou sujets à un mésusage, comme les anxiolytiques. D'où cette sanction, jugée néanmoins "sévère" par le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
[avec Mediapart.fr]
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