Dans l'ancien service des urgences de François Braun, la quasi-totalité des infirmières et aides-soignantes sont en arrêt maladie

03/01/2023 Par Mathilde Gendron
Le CHR de Metz-Thionville est contraint de modifier le fonctionnement des urgences pour adultes. La quasi totalité des infirmières et aides-soignantes se sentant “épuisés” ont été placées en arrêt maladie.

    “En raison de nombreux arrêts maladie déposés (vendredi) par l’équipe soignante, le centre hospitalier régional de Metz-Thionville modifie le fonctionnement du service des urgences adultes de l’hôpital, jusqu’au 6 janvier”, a indiqué dans un communiqué l'hôpital mosellan. Les patients sont orientés vers d’autres établissements sauf pour les urgences vitales qui restent prises en charge par les équipes du Smur.   D'après des sources syndicales, 55 infirmières et aides-soignantes sur 59 ont été placées en arrêt maladie, souvent sur décision des médecins des urgences eux-mêmes. "On en arrive là parce que malgré leur engagement, les équipes sont à bout, épuisées, et incapables d'assurer une prise en charge de qualité, ce qui est insupportable pour eux", indique Clarisse Mattel, infirmière et secrétaire générale du syndicat MICT-CGT. "C'est une problématique qui dépasse la situation d'un hôpital. C'est tout l'hôpital public qui est en crise : on ne peut plus prendre correctement en charge les patients."

Les urgences disposent de 12 box d'accueil, enregistrent plus de 100 passages par jour ,mais l’hôpital manque de lits et de personnels, rendant presque impossibles les hospitalisations des patients après leur accueil aux urgences, explique les syndicats. "Ces derniers jours, les patients étaient sur des brancards dans le couloir, quand on a la chance d'avoir des brancards. Une nuit on n'en avait plus, une dame s'est allongée par terre", assure une aide-soignante. Un patient de 90 ans est même resté “plus de 90 heures” sur un brancard, faute de lit disponible, ont témoigné plusieurs soignants. Il n’a été “changé qu’une seule fois”, rapportent-ils. "C'est devenu extrêmement compliqué d'assurer les besoins élémentaires tels que l'hygiène, les repas, en plus dans un contexte de promiscuité", indique Patricia Schneider, représentante du syndicat Sud-Santé au CHR. "Ça fait six mois que je viens aux urgences la boule au ventre. Six mois que j'ai peur d'ouvrir une porte et de trouver derrière un mort sur un brancard", a confié une infirmière, en arrêt maladie pour "burn-out".

Jusqu'en juillet, le service était dirigé par François Braun, l'actuel ministre de la Santé. "Les problématiques, il les connaît depuis longtemps", souligne une autre infirmière, qui aimerait échanger avec lui sur l'évolution de la situation. La directrice générale de l’établissement avait fait part de son départ pour le 31 décembre. Depuis, personne n’a été désigné pour la remplacer. A l'hôpital de Sarreguemines, également en Moselle, une grève touche le service des urgences depuis le 23 décembre. Le mouvement devrait "se durcir" dans les prochains jours, a annoncé une source syndicale. [Avec AFP]

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