Traverser la ligne rouge

En Corse, 50 médecins sautent le pas du déconventionnement

Ils ont mis leur menace à exécution. Devant le refus de l'Assurance maladie de reconnaître la spécificité de leur exercice dans la future convention, 33 médecins libéraux du grand Bastia et 17 praticiens de Porto-Vecchio s'apprêtent à lancer officiellement leur procédure de déconventionnement.

02/05/2024 Par Aveline Marques
Déconventionnement
Traverser la ligne rouge

Les courriers en recommandés seront postés le 4 mai, en présence de la presse, conviée à ce "moment fort en symbole". Trente-trois médecins libéraux exerçant dans le "grand Bastia" et 17 installés dans la zone de Porto-Vecchio vont officiellement se déconventionner. "Cela représente près de 50% des médecins généralistes sur Bastia et 61% sur la région de Porto-Vecchio", souligne le collectif ML Corsica dans un communiqué diffusé par l'UFML le 30 avril. 

A l'issue d'un séminaire sur le déconventionnement, organisé par l'UFML et qui avait rassemblé 110 praticiens, le collectif avait pourtant mis en garde les pouvoirs publics contre la perspective d'un déconventionnement "généralisé". La mise à exécution de cette menace par 50 médecins "découle de l'absence de reconnaissance de la spécificité 'île montagne' de la Corse dans la convention médicale, explique ML Corsica. Ils ne peuvent concevoir de travailler dans un système qui nie la réalité de leur lieu et de leurs conditions d'exercice."

Pourtant, de nombreux échanges ont eu lieu avec la Cnam, qui avait même organisé une séance de négociations dédiée aux territoires spécifiques, fin janvier. Mais les propositions du collectif, détaillées dans un document de 70 pages, n'ont pas trouvé l'écho suffisant. Le 8 février dernier, la Cnam avait proposé de créer une majoration de déplacement spécifique de 15 euros aux zones "montagne" et de porter l'indemnité kilométrique à 1 euro. Depuis, les négociations sont au point mort.

Du fait d'une offre de soins plus réduite que sur le continent, d'une patientèle plus âgée et plus précaire et de territoires difficiles d'accès, le collectif considère que la Corse doit bénéficier "soit des mêmes mesures que les Dom Tom, à savoir une majoration des actes cliniques et des actes techniques", "soit d'un accès au secteur 2 pour tous", résume le collectif. "Il en va de l'attractivité de la médecine libérale en corse, qui conditionne l'accès aux soins de nos patients. Toute collaboration est impossible sans ce préambule."

 

 
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